Juliette Binoche ne joue pas dans des « comédies », elle joue dans des « comédies d’auteur ». Après Ma Loute, la voici dans La Bonne épouse, au féminisme concon bien-pensant qui n’a même pas provoqué de débat à la conf’ de rédaction de Télérama à sa sortie (en salles)… Car Martin Provost (réalisateur de Séraphine, parfait pour s’endormir, même confinement), lui non plus, n’aime pas la comédie : aucun sens de la satire, ni du timing. Ce portrait balourd de la tenancière d’une école ménagère dans les années 60, vire rapidement à la chronique lénifiante et puritaine à souhait (précepte 1, précepte 2…).

La Bonne épouse, c’est un peu Louis la Brocante sans la moustache de Victor Lanoux : de la déco partout pour faire has been, et un réalisateur en pantoufles. La fameuse libération des femmes qui justifie le projet du film n’aura lieu que dans les cinq dernières minutes, lors d’une marche féminine sur Paris en plein mai 68, à la façon, gênante, d’une comédie musicale de Jacques Demy (paix à son âme rose bonbon). Avec un texte dont on vous laisse juge : « la bonne épouse n’existe plus, poil au cul » (sic). On vous laisse imaginer la musique, sur une chorégraphie de kermesse mimant la danse du repassage (resic). On a bien compris le message, à force de citer Gisèle Halimi ou Simone de Beauvoir… Le problème, c’est que le cinéma de Martin Provost est un cinéma d’arrière-garde, opportuniste et gâteux de son esprit de sérieux. Bref, le contraire d’une comédie, même si Edouard Baer et Noémie Lvovsky font le boulot…

La Binoche et Noémie Lvovsky dans La Bonne épouse.

La Bonne épouse de Martin Provost (Fr, 1h49) avec Juliette Binoche, Noémie Lvovsky, Yolande Moreau, Edouard Baer, François Berléand… Désormais disponible en Vod sur la plupart des plateformes.