Ce qui est bien avec les films d’Emmanuel Mouret, c’est qu’une fois que vous en avez vu un, vous les avez presque tous vu. Après Mademoiselle de Joncquières, film d’époque en costumes, le réalisateur amoureux de l’amour renoue dans Les Choses qu’on dit les choses qu’on fait avec son grand sujet de prédilection : le marivaudage. 

A la faveur d’un week-end à la campagne, deux inconnus (Niels Schneider, Camélia Jordana) se racontent leurs histoires d’amour, leurs récits s’imbriquant alors les uns dans les autres, à la façon de poupées russes. Dans ces petites confidences intimes, les chassés-croisés amoureux de femmes et d’hommes qui se frôlent, se désirent, s’aiment et se trompent, sont aussi chargés que les chassés-croisés des juilletistes et aoûtiens un 1er août sur l’autoroute du soleil. Avec à la clef des réflexions sur l’art d’aimer qui pour être banales, n’en sont pas moins justes.

Sex-appeal de moule

On a goûté la première heure comme un thé en bonne compagnie dans un appartement bourgeois parisien : la fantaisie un peu surannée de Mouret continue de dénoter dans le paysage cinématographique français, l’humour des situations et la finesse de certaines répliques font mouche. La pétillante Jenna Thiam est craquante dans un second rôle de jeune femme libre et fantasque alors qu’Emilie Dequenne est souveraine en épouse blessée et généreuse. 

Dommage alors que la seconde heure soit aussi morne. La faute à une direction d’acteurs toujours aussi terne – même Niels Schneider en perd tout sex-appeal, c’est dire – et à des combinaisons amoureuses qui, à force de se faire et se défaire, en deviennent répétitives, tout comme le système narratif de récits dans le récit, finit par s’essouffler. A la fin, plus que le désir, c’est l’ennui qui nous a cueillis. 

Les Choses qu’on dit les choses qu’on fait, d’Emmanuel Mouret (France, 2h02). Avec Camélia Jordana, Niels Schneider, Vincent Macaigne…