On veut bien défendre le cinéma iranien, mais il ne faut quand même charrier… On ne pensait pas écrire sur Chevalier noir, premier film iranien de Emad Aleebrahim Dehkordi dans lequel il ne se passe à peu près rien, à part voir complaisamment un Pierre Palmade iranien en train de sniffer pendant 1h40 interminable…

Deux choses nous intriguaient dans ce premier film avant de la voir, en plus de la dynamique bien réel du cinéma iranien contemporain : être tourné à Téhéran même malgré le régime actuel, et être réalisé par un. ancien élève de l’école d’arts plastiques du Fresnoy. Las… De Téhéran, on ne verra qu’un plan nocturne de la ville prise de très loin, et la scène d’enterrement maternel des deus frères protagonistes en ouverture du film. Du Fresnoy, on aura tous les gimmicks paresseux du cinéma d’auteur mondialisé : plans séquences inutiles à l’épate et scènes de boites de nuit en tricolore pour la jouer branché, comme on en trouve dans l’intégrale de la trilogie Mekhtoub d’Abdellatif Kéchiche… jamais sortie au cinéma, et pour cause…

La scène d’ouverture de l’accident à moto en caméra subjective était pourtant prometteuse comme une pure scène d’action. Le reste n’est malheureusement qu’une longue suite de vides existentiels nombrilistes en panne de scénario avec dialogues à l’avenant. Un frère tente de s’en sortir en se mettant à la boxe amateur dont on verrait à peine un extrait. Comme il est le plus beau, c’est lui qui se fera défoncer pour avoir pris la moto et le casque de son frangin, camé insupportable en crises d’énervement perpétuelles entre deux prises… C’est dure, la vie, mais plutôt celle de la dope que la vie à Téhéran (la plupart du film se déroule entre quatre murs)…

Deux frères qui ne se marrent pas tout le temps dans Chevalier noir…

Un film premier film incapable de construire une fiction

Regarder les péripéties de Pierre Palmade sur BFM TV apporterait sans doute plus de rebondissements que ce film d’oiseau de malheur qui n’ose jamais le fantastique (on taira par charité chrétienne l’unique scène dans laquelle le film tente la symbole d’un corbeau noir à la colossale finesse…). Le reste n’est qu’un misérabilisme repu de ses poses arty, jusqu’à une scène finale dans laquelle le plus intéressant des deux frères se sacrifie pour l’autre… qui continue de se droguer. Au secours !

On savait que la dope, ce n’était pas bien. Le cinéma esclave d’un personnage qui se dope, ce n’est pas mieux. Surtout quand Emad Aleebrahim Dehkordi n’est ni capable de construire une fiction, ni capable de témoigner de la société qui l’entoure. L’affiche, plurielle et souriante, est parfaitement mensongère à la vision de ce premier film sinistre, qui tient davantage de la co-production européenne stérile que d’une véritable découverte iranienne… Bref, bonne chance à toutes et à tous, nous on n’a pas aimé…

Chevalier noir d’Emad Aleebrahim Dehkordi (Fr-All-It-Iran, 1h42) avec Iman Sayad Borhani, Payar Allahyari… Sortie le 23 février.