Malgré un titre ronflant, Rachid Hami s’arrête un peu trop à l’anecdote du portrait de famille dans son film Pour la France, avec un Karim Leklou en alter-ego de son réalisateur. Mouais…

Aïssa, le frère cadet d’une famille algérienne qui souhaitait s’engager pour son pays, ne mourra pas au combat, « pour la France« , mais dans un simple exercice de « bahutage« , au moment d’intégrer la prestigieuse école militaire de Saint-Cyr

L’enquête sur cette mort suspecte, sur-vendue dans la bande-annonce, s’arrêtera là, étouffée par l’armée autant que par le film, malgré la présence de Laurent Lafitte en militaire, lui aussi cantonné à une simple « participation« … Car contrairement à son titre, Pour la France est avant tout le portrait finalement assez banal d’une famille d’origine algérienne, délayés inutilement sur trois continents en flashbacks : l’Algérie de l’enfance, la France du monde adulte et… la Chine des études d’Aïssa avant qu’il ne décide d’intégrer Saint-Cyr, avec ses boîtes de nuit et ses mendiants. Mais pour quoi faire ?

Un film qui évite l’enquête sur l’armée

Laurent Lafitte en militaire, Lubna Azabal manteau bordeaux et Karim Leklou noir dans Pour la France.
Laurent Lafitte, Lubna Azabal et Karim Leklou dans Pour la France.

Rien en nous sera épargné : les cris de douleur d’une mère devant la cadavre de son fils, puis ses larmes devant le cercueil (Lubna Azabal, dans son rôle habituel depuis Loin d’André Téchiné), les flashbacks sur les chamailleries entre frères qui ne se sont pas toujours compris et – plus difficile à regarder – le mauvais père resté en Algérie qui revient en boitant avec ses béquilles aux funérailles de son fils, en invité surprise (Samir Guesmi)…

Pas sorti de Saint-Cyr…

Au milieu de ce film qui cherche la place de ses personnages, il y a Karim Leklou (dans son rôle habituel), alter ego d’un réalisateur sans doute en plein examen de conscience vis à vis de son frère à qui le film est dédié. Si c’est un peu poseur (travelling quand Leklou court dans la rue), ce n’est pas mal filmé. Pas manichéen non plus quand il s’agit d’évoquer un certain dégoût patriotique devant l’hypocrisie de l’Armée (« pas la Marseillaise » dira la mère à l’enterrement). Et pourtant, jamais vraiment intéressant.

Pour la France de Rachid Hami (Fr, 1h52) avec Karim Leklou, Shaïn Boumedine, Lubna Azabal, Samir Guesmi, Slimane Dazi, Laurent LaffitteSortie le 8 février.