L’affaire Daval est connue, la première à avoir été qualifiée en France de « féminicide« . L’assassinat d’Alexia Daval en 2017 par son mari Jonathann. 15 coups de poing, 4 minutes d’étranglement pour tuer avant d’aller brûler corps à l’orée d’un bois, un peu plus loin, avec son véhicule de fonction qui, à terme, ne pouvait donc que le confondre.

Comme le dit la procureure qui témoigne, « si cette affaire hélas banale est devenue extraordinaire, c’est à cause de lui. » Un mari mal grandi qui pleurera à chaudes larmes devant les caméras, ne supportant pas que sa femme soit enceinte par procréation assistée, encore moins qu’elle lui reproche son impuissance sexuelle. Mais dont le cas n’est pas vraiment étudié, et encore moins du point de vue des violences faites aux femmes.

Jonathann Daval, le grand absent

Si cette affaire hors norme par la dimension médiatique qu’elle a prise est bien reconstituée dans son déroulé, elle l’est d’un point de vue exclusif : celui de la famille Pouillot, digne, héroïque même quand il s’agit d’obtenir les aveux du meurtrier, ou d’avoir de la compassion pour lui. En revanche, les réalisateurs Thomas Chagnaud et Grégory Héraud ne font jamais intervenir la mère de Jonathann pas plus que ses avocats – pourtant mis en cause – largement présents dans d’autres documentaires sur l’affaire, comme dans Faites entrer l’accusé.

Jonathann et Alexia Daval, le jour de leur mariage.

Alexia, roman familial vertigineux

On a donc le sentiment d’assister à un roman familial vertigineux, entre une famille altruiste jusqu’à ne jamais vouloir voir le moindre mal (y compris lorsque Daval est arrêté), et un fils perdu à qui l’idée d’être père était suffisamment insupportable pour qu’il en devienne monstrueux.

Mais la personnalité du meurtrier, les faits troublants présents dans le dossier (comme la présence post-mortem de traces de sperme sur le corps d’Alexia alors même qu’elle lui reprochait son impuissance), comme l’élargissement à la question des violences faites aux femmes, ne sont malheureusement jamais abordés. En résulte le portrait d’une famille désolée, au titre un rien trompeur.

Alexia, autopsie d’un féminicide de Thomas Chagnaud et Grégory Héraud (Fr, 4x52mn). Disponible sur MyCanal.