Un écrivain reconnu revient dans le Sud-Ouest de son enfance, sur les terres de son premier amour, à l’invitation d’une signature plus mystérieuse qu’il n’y paraît… Pour son troisième film, Olivier Peyon adapte très fidèlement le livre de Philippe Besson (bientôt aussi à l’affiche du théâtre du Point du jour), celui des retrouvailles manquées autour d’un amour de jeunesse marqué au fer rouge, un amour gay passé qui ne passe pas, assumé que par une seule moitié des deux garçons. « C’est le moment de se coltiner les fantômes », et les fantômes ne nous disent pas toujours pourquoi ils sont morts…

Olivier Peyon les fait revivre à travers la passion de scènes de sexe assez crues pour croire à la découverte du désir au milieu de cette province trop tranquille, à l’image de cet écrivain assez terne derrière son homosexualité assumée.

Julien de Saint-Jean et Jérémy Gillet échangent leur regard en souriant dans Arrête avec tes mensonges.
Julien de Saint-Jean et Jérémy Gillet, les jeunes amants 35 ans auparavant…

Arrête avec tes mensonges au cinéma en attendant le théâtre

Se souvenant de ses amours passées dans des scènes de flashbacks qui rappellent Eté 85 de François Ozon en oscillant entre clichés et maladresses, ce n’est pas tant son ancien amour que ce Stéphane Belcourt (le double de Philippe Besson) va retrouver, mais son fils (Victor Belmondo, exceptionnel de naturel en restant constamment percé par le secret de famille).

Comme le livre, sur un point de départ éculé, ce beau film finit par accoucher de « cette vérité qu’on cache »et qui ne parvient pas toujours à trouver sa place dans la vie sociale. Sauf de façon superficielle, comme cet écrivain revenu de San Francisco, ou pire, tuée par la honte d’un désir qui n’a jamais su s’affirmer. Une honte qu’Arrête avec tes mensonges parvient à toucher et à contextualiser avec la dernière délicatesse.

Plaire, aimer et courir vite

Malgré un point de départ cousu de fil rose, il y a chez Philippe Besson comme dans le film la générosité assez rare de faire dialoguer des cultures, des âges et des modes de vie différents dans ce qu’ils ont d’intime, quitte à ne pouvoir le partager longtemps. Si les paysages du Sud-Ouest et Julien de Saint-Jean en petite frappe à moto rendent hommage au Téchiné du Lieu du crime ou des Roseaux sauvages, c’est bien le visage de Victor Belmondo qui constitue le plus beau réceptacle de ce mélo à travers les âges dans une (avant-)dernière scène de toute beauté.

Arrête avec tes mensonges d’Olivier Peyon (Fr, 1h38) avec Guillaume de Tonquédec, Victor Belmondo, Jérémy Gillet, Julien de Saint-Jean, Guilaine Londez… Sortie le 22 février. Désormais disponible sur Canal Plus Cinémas.

Victor Belmondo regardant Guillaume de Tonquedec au bord du lac en manteau.