C’est un docu­men­taire d’ex­cep­tion. Gilles Perret habite là-bas, à Mieussy (lieu-dit Quincy), en Haute-Savoie. C’est là qu’il avait réalisé son premier film sur ses voisins il y a 25 ans, trois frères céli­ba­taires pas banals qui avaient créé leur ferme en 1972. Ils s’ap­prê­taient à passer la main de leur exploi­ta­tion agri­cole à leur neveu Patrick et sa femme Hélène. On était en 1997.

Aujourd’­hui, Gilles Perret habite toujours là-bas, et c’est au tour d’Hé­lène de passer la main. Que repré­sente le travail de la vie agri­cole au jour le jour ? Comment trans­mettre sa seule richesse – la terre – de géné­ra­tion en géné­ra­tion ? 25 ans plus tard, Gilles Perret est revenu pour mettre La Ferme des Bertrand en pers­pec­tive avec le monde d’aujourd’­hui.

Un des premiers frères de La Ferme des Bertrand.

L’his­toire vraie d’une famille d’agri­cul­teurs

En croi­sant images d’ar­chives qui datent même d’avant son premier docu­men­taire et la jeune géné­ra­tion qui prend le relais aujourd’­hui, Gilles Perret dresse un portrait d’ex­cep­tion de la vie agri­cole sur un demi-siècle. « Je suis recon­nais­sante, ça m’a sauvé un peu » dira Hélène après avoir expliqué les souf­frances physiques de son travail au quoti­dien, et à quel point elle n’ima­gi­nait pas être faite pour cette vie-là.

Elle ira même jusqu’à faire l’éloge des robots de la traite qui peuvent épar­gner des douleurs aux fermiers. Une réflexion sur la péni­bi­lité autre­ment plus inté­res­sante que les derniers débats pari­siens sur la réforme des retrai­tes…

Travail, famille et trans­mis­sion

C’est toute la beauté de La Ferme des Bertrand : avoir tissé un lien suffi­sam­ment fort avec toute une famille pour abor­der des enjeux univer­sels à travers leur quoti­dien. La fémi­nité (« ce n’est pas un boulot de femme« ) et l’éco­lo­gie y sont abor­dées sans la moindre bien-pensance, à travers la vie réelle. Comme l’ac­com­plis­se­ment quoti­dien par le travail ou la vision d’un homme qui a su acqué­rir son lopin de terre à temps pour pouvoir le trans­mettre.

Au-delà d’un portrait de l’amour et des diffi­cul­tés de la vie agri­cole, La Ferme des Bertrand est un grand film de famille, multiple, variée, atypique, évoluant à travers les géné­ra­tions. Et pour­tant unie par les liens du sang. Un grand docu­men­taire de celui qui travaille désor­mais en binôme avec sa compagne Marion Richoux (avant de retrou­ver François Ruffin pour son prochain film), et a su regar­der à côté de chez lui évoluer tout un monde sur 50 ans.

La Ferme des Bertrand de Gilles Perret et Marion Richoux (Fr, 1h29). Docu­men­taire. Sortie le 31 janvier.

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