N’hé­si­tez pas nous écrire quand vous l’au­rez vu : on n’a pas (vrai­ment) compris la fin ! Mais que c’est beau… Nous n’étions pour­tant pas les plus grands fans des films d’Hama­gu­chi (Drive my car, Contes du hasard et autres fantai­sies), dont on retrouve un peu l’in­do­lence au début du Mal n’existe pas. C’est d’abord long et lent, et il vous faudra patien­ter de longues minutes pour voir couper le bois, puis renouer avec cet appé­tit des plans fixes suspen­dus à l’in­té­rieur des voitures, dans un sens, puis dans l’au­tre…

Glam­ping, fosse septique et humour à froid

Mais l’at­mo­sphère envoû­tante de la musique qui a inspiré le film nous conduit déjà sous les arbres comme si la nature voulait reprendre ses droits, le mont Fuji en ligne d’ho­ri­zon dans cette campagne recu­lée de Tokyo. Le projet d’un glam­ping (camping au tourisme chic et glamour) avec débat sur l’em­pla­ce­ment de la fosse septique va animer une réunion de présen­ta­tion au village aussi ordi­naire que pas banale. Un débat respec­tueux, à la japo­naise, mais très subtil dans ses contra­dic­tions et le trai­te­ment des person­nages, marquant l’en­trée d’un réalisme humain, trop humain, qui va irri­guer tout le film.

L’homme des bois loin de Tokyo

Les deux employés de commu­ni­ca­tion pas vrai­ment convain­cus de ce projet qu’on pour­rait quali­fier de macro­nisme nippon vont alors conti­nuer d’échan­ger avec « l’homme à tout faire« , qui coupe du bois et semble plus atten­tif aux sons et à la vie de la nature qu’à la commu­nauté humaine perdue dans ses contra­dic­tions.

Il y a du Shohei Imamura dans cette façon d’ins­tal­ler une fable écolo­gique avec une rare subti­lité entre contem­pla­tion, réalisme tech­no­cra­tique et humour à froid, pendant que le soleil conti­nue de percer à travers les arbres. C’est dans le hiatus entre ces trois éléments que réside toute l’étran­geté indé­fi­nie de ce beau film qui consti­tue pour­tant le plus simple en appa­rence de son réali­sa­teur.

Le mal n’existe pas, la fin non plus

On taira les autres person­nages (humain et anima­lier) qui occupent une scène finale qu’on n’est pas prêt d’ou­blier. L’el­lipse de ce qui a pu se passer nous invite nous-même à combler cette part d’hu­ma­nité manquante, et dont le secret réside sans doute dans la nature qui nous entou­re… et dans le titre ! C’est en tout cas notre inter­pré­ta­tion. A vous de jouer !

Le Mal n’existe pas de Ryûsuke Hama­gu­chi (Jap, 1h48) avec Hito­shi Omika, Ryo Nishi­kawa, Ryüji Kosa­ka… Sortie le 10 avril.

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