Ça commence bien. Harper (c’est une fille) voit passer un homme devant sa fenêtre… à la verticale ! On comprend vite qu’il s’agit de son mari, qui a décidé de se suicider du dernier étage, alors qu’elle avait pris la décision de divorcer. Évidemment atteinte par les événements – même si son mari carrément gonflant lui faisait déjà un chantage au suicide – elle décide de quitter un temps leur appartement londonien pour la campagne anglaise. Elle est accueillie dans un genre de cottage de la taille d’un manoir par un prototype de garde-chasse dégénéré, les dents pas droites, le teint rougi par la Guinness, tel qu’on en croise principalement dans les films d’horreur. Cela tombe bien, c’est justement un film d’horreur.

Jessie Buckley au bout de la nuit.

Machisme et couteaux de cuisine

La villégiature campagnarde dégénère quand un homme venu de la forêt, tout nu, blanchâtre et scarifié, la surveille. Elle rencontre tour à tour le policier du village, puis le vicaire dans son église flippante et le patron du pub, tous aussi déplaisants. Le fait d’employer le même acteur pour la plupart des rôles masculins ne laisse aucun doute, « les hommes » est une espèce à part constituée de harceleurs machistes qui exercent leur domination patriarcale depuis la nuit des temps. La radicalité du propos n’exclut pas une certaine ambiguïté. Le machisme serait né d’une nature panthéiste et ne serait donc pas une construction intellectuelle. Ce qui n’empêche pas de se servir des couteaux de cuisine (en évidence, jamais dans un tiroir dans les films anglo-saxons). Le cottage maudit sera mal noté sur Abritel.

Men d’Alex Garland (GB, 1h40) avec Jessie Buckley, Rory Kinnear, Paapa Esiedeu… Sorti depuis le 15 juin.

Tous les hommes sont Rory Kinnear.