Elle marche pieds nus les ongles vernis assor­tis à la moquette. Images léchées à contre-jour presque surex’, inté­rieurs cosy jamais filmés trop vite, clichés de Palm Springs en cabrio­let, billet d’avion design, strass et name’s drop­ping déli­cat… Un Sina­tra par-ci, un Chanel n°5 par-là, on est bien dans un film de Sofia Coppola. Sur une enfant gâtée (pléo­nasme).

Pris­cilla, c’est un peu l’his­toire de la pauvre fille qui attend le retour de son prince char­mant… qui ne sera plus jamais char­mant. Mais comme il lui offre des bijoux, un caniche, une voiture et fina­le­ment un bébé, elle l’at­tend quand même, bonne élève (elle aura même son diplôme).

Elvis (Jacob Elordi) et Pris­cilla (Cailee Spaeny), un vrai teenage movie…

Mais où est passé Elvis ?

Il n’y a pas forcé­ment grand-chose à l’ombre des mythes, mais il y a un beau sujet au coeur de cette Pris­cilla, jeune fille à l’ombre du mythe d’El­vis : l’as­ser­vis­se­ment à la noto­riété. Malheu­reu­se­ment, à trop vouloir imiter, Sofia Coppola ne fait que l’ef­fleu­rer dans un début de film vrai­ment char­mant, sorte de teenage movie sérieux entre une poupée en sucre de quinze ans et un croo­ner gominé au roman­tisme imma­ture. Même si on ne croit pas une seconde être en Alle­magne en 1959, tant la réali­sa­trice améri­caine filme tout de la même façon, s’in­té­res­sant avant tout au design de ses inté­rieurs…

Pris­cilla et son caniche, tout en inté­rieur…

Le premier prix à payer de cette Pris­cilla cosy, c’est l’ef­fa­ce­ment d’El­vis (coura­geux Jacob Elordi), dont on voyait de façon autre­ment incar­née et crédible les travers et la descente aux enfers dans le film de Baz Luhr­mann. Ici, tout reste asep­tisé, même l’al­lu­sion furtive à un viol conju­gal, sans parler des démons de la musique ou de la drogue… Le film se délite donc rapi­de­ment avec les sautes d’hu­meur de son vrai héros sans qui il n’exis­te­rait pas, mais toujours ailleurs… Cailee Spaeny prix d’in­ter­pré­ta­tion à Venise) doit donc se conten­ter de jouer les potiches engon­cées dans le décor, en petite fille entou­rée de célé­bri­tés (tiens, ça nous rappelle quelqu’un…).

Pris­cilla ne brille pas par sa person­na­li­té…

Pour faire bonne figure et se donner un peu de consis­tance dans cette succes­sion de scènes de chambre, Sofia Coppola injecte de temps en temps une dose bien élevée de fémi­nisme dans les répliques et la situa­tions (et un peu d’elec­tro dans les bigou­dis de son brushing selon aon anachro­nisme habi­tuel). Mais malheu­reu­se­ment, même si le film tiré de ses mémoires à elle se veut un hommage évident, Pris­cilla ne brille pas par sa person­na­lité. Ce film poseur non plus.

Pris­cilla de Sofia Coppola (EU, 1h53) avec Cailee Spaeny, Jacob Elordi, Ari Coen… Sortie le 3 janvier.