A part sa passion pour les avions, difficile de reconnaitre la patte de Yann Gozlan. Le cinéaste semble s’être lancé dans l’ambitieux projet de réaliser un thriller psychologico-érotique, pillant sans vergogne les œuvres d’Alfred Hitchcock, Brian De Palma, Christopher Nolan et même David Lynch.
Le film met donc en scène Estelle (Diane Kruger) une pilote de ligne chevronnée dont la vie bien ordonnée aux côtés de son mari (Mathieu Kassovitz) bascule lorsque ressurgit Ana (Marta Nieto), une photographe avec qui elle a vécu une histoire passionnée.
Outre le travail sur le son et la mise en scène ultra léchée, le scénario souffre d’un cruel manque d’originalité, recyclant des idées déjà exploitées par les cinéastes cités précédemment. Plongée onirique au milieu des méduses, crash d’avion prémonitoire et poursuite en boite de nuit : les séquences clichées (aussi belles soient elles) s’enchainent et se répètent. Le désir de manipuler le spectateur en faisant passer les rêves pour la réalité devient alors rapidement redondant et agaçant, à mesure que cauchemars et fantasmes envahissent la psyché troublée de l’héroïne. Rien n’y apparaît vraiment original ni crédible. On suit juste les déambulations hallucinées d’Estelle entre sa villa luxueuse sur les hauteurs de Nice, la plage déserte et ses différents vols en avion. Pour couronner le tout Mathieu Kassovitz, se retrouve cantonné à un rôle de mari accessoire, apparaissant toutes les dix minutes pour simplement demander à sa femme comment elle va.
Une fois les pièces du puzzle rassemblées, Visions se révèle être une jolie coquille vide, s’égarant au milieu d’une surabondance d’effets visuels et de symboles superflus pour finalement aboutir à une conclusion décevante et prévisible. Cela est d’autant plus regrettable compte tenu du charisme et de la beauté de ses actrices principales Diane Kruger et Marta Nieto (déjà formidable dans le Madre de Rodrigo Sorogoyen).
Visions realisé par Yann Gozlan (2h03) Avec Diane Kruger, Mathieu Kassovitz, Marta Nieto. Sortie le 6 septembre
