Depuis Chacun cherche son chat (1996), comme pas mal d’auteurs, Cédric Klapisch fait peu ou prou à peu près toujours le même film : un portrait de groupe mâtiné de ce qu’on appelle « l’air du temps ». En plus d’un chat perdu, on retrouve ses qualités (et un peu ses défauts) dans son dernier long métrage en date, Deux Moi, ou comment faire un portrait de la société française d’aujourd’hui à travers la solitude de deux jeunes actifs des grandes villes.

Deux moi, une comédie romantique coupée en deux

La principale qualité de cette comédie romantique coupée en deux reste la façon sans équivalent dans le cinéma avec laquelle Klapisch sait filmer la ville, et en l’occurrence, particulièrement Paris, sa ville de cœur, dont il dévoile toujours des aspects jamais éculés (ici par exemple les séquences de métro).

Le portrait, léger, du monde travail, de ces deux jeunes âmes solitaires est lui aussi plutôt convaincant, tout comme les pratiques différentes des deux psys qu’ils vont être amenés l’un comme l’autre à consulter (Camille Cottin et François Berléand, l’une comme l’autre tout aussi convaincants).

François Civil chez son psy (François Berléand).

Ana Girardot et François Civil, ultra-moderne solitudes

Dommage alors, comme souvent dans ses derniers films, qu’il alourdisse un peu son propos par des considérations sociologiques franchement balourdes (ici « dis-moi si tu aimes le cheese-burger, je te dirai qui tu es »…), ou à vouloir s’auto-citer, qu’il multiplie les seconds rôles inutiles…

C’est d’autant plus inutile qu’Ana Girardot en fille fragile et François Civil en beau gosse passe-partout avaient des personnages qui se suffisaient à eux-mêmes, chacun dans leur écran de chaque côté de la cloison d’un immeuble parisien… On aurait presque aimer les voir encore plus approfondis plutôt que de les noyer dans un « air du temps » parfois un rien inutile. Mais un bon film français grand public et bien filmé reste toujours bon à prendre. Ils sont magnifiques.

Deux moi de Cédric Klapisch (Fr, 1h45) avec Ana Girardot, François Civil, Camille Cottin, François Berléand…