Dino Risi a toujours eu une place à part dans la comédie italienne : plus amer dans son propos (Pauvres mais beaux), plus baroque dans sa mise en scène (Le Signe de Vénus), ou plus acide dans son observation sociale (Les Monstres, film à sketches impitoyable pour ses mâles contemporains, qui ne manqua pas de faire école). Parfum de femme inaugure le cycle de trois films que lui consacre le Lumière Fourmi dans la foulée de la rétrospective organisée à la Cinémathèque à Paris. C’est un de ses films les plus célèbres avec Le Fanfaron, toujours avec son acteur fétiche, Vittorio Gassman.

Tragi-comédie italienne

Le pitch est déjà à lui seul un geste audacieux de cinéma, ou comment filmer les amours désespérément solitaires d’un aveugle, imaginant encore autour de lui l’attirance qu’il éprouve pour les femmes par leur seul parfum… et quelques attouchements. Gassman est crédible et charismatique en diable en amoureux privé des sens. Plus vintage, tu meurs, des décors d’intérieur all’Italia jusqu’au Technicolor chromo, en passant par la séquence de la boîte de nuit avec une musique digne des BO les plus idiomatiques des années 70. Mais Parfum de femme est aussi un tour complet de l’Italie superbement photographiée à l’air libre, de Turin à Gênes en passant par Naples ou Turin en ouverture du film. Le duo que forme Gassman avec son jeune garçon en factotum est une merveille de tendresse souriante (Alessandro Momo), et selon la loi lucide et impitoyable du réalisateur, la comédie se transforme en « tragédie italienne » selon ses propres dires (mais pas trop), lorsque débarque la sublime Agostina Belli.

Bande annonce d’époque à la sortir du film en 1974.

Parfum de femme de Dino Risi, (Profumo di donna, 1974, It, 1h40) avec Vittorio Gassman, Alessandro Momo, Agostina Belli… Reprise dans le cadre du cycle Dino Risi au cinéma Lumière Fourmi, Lyon 3e.