C’est un des classiques de la décadence britannique du swinging London : The Servant de Joseph Losey. En matière d’ambiguïté, Dirk Bogarde a précédé Bowie, jouant avec la manipulation, les identités en trompe-l’œil et le renversement des dominations sociales, dans un huis-clos psychologique rythmé par une sublime musique de jazz (Now that I love you alone ou All gone chanté par Chloe Laine en rengaine). Losey utilise à merveille les espaces intérieurs, les contre-plongées et les miroirs déformants pour transformer chaque geste de soumission en domination et inversement. Trouble, frustration et sensualité d’un noir et blanc caressant, ce petit traité d’humiliation en chambre, pimenté par Sarah Miles parfaite en vraie-fausse sœur ingénue, était scénarisé par un certain Harold Pinter, avec lequel Losey prolongera les plaisirs sadiques dans Accident, autrement plus abstrait mais tout aussi fascinant, puis Le Messager, merveille plus classique et grand public, qui ressort en copie restaurée.

The Servant de Joseph Losey (1963, GB, 1h56) avec Dirk Bogarde, James Fox, Sarah Miles… Jeudi 3 (séance présentée et précédée d’une conférence sur Losey), dimanche 13, mardi 15 et vendredi 18 février à l’Institut Lumière, Lyon 8e. Tarif habituels.

Dirk Bogarde garde James Fox à l’oeil.