En matière de super-pouvoirs, la surprise vient d’Ita­lie. Tandis que Marvel et Sony essorent conscien­cieu­se­ment leurs licences, Gabriele Mainetti redonne une vigueur inat­ten­due au genre avec un film inclas­sable. Rome, 1943 : la botte italienne est sous la botte nazie. Les artistes du petit cirque Mezza­piotti sont privés de travail par une bombe. Leur reclas­se­ment par Pôle emploi paraît compliquée au vu de leurs profils. Matilde pour­rait éven­tuel­le­ment se reca­ser chez EDF : elle est élec­trique. Censio, l’al­bi­nos, contrôle les insectes. Il peut repro­duire la croix gammée avec des cafards. Mario, le nain aimanté, arrive à faire voler des four­chettes. Sa passion ? La mastur­ba­tion. Fulvio est animé d’une force peu commune, ce qui pour­rait lui ouvrir la profes­sion de docker, seule­ment son appa­rence physique le classe entre Chew­bacca et Sébas­tien Chabal.

Un pianiste à douze doigts fan d’Hit­ler

Quant à Israël, leur Monsieur Loyal magi­cien, inutile de préci­ser qu’il va être une des premières victimes des rafles. Leur seule échap­pa­toire, dange­reuse, réside dans le Cirque Berlin, dont l’at­trac­tion prin­ci­pale est Franz, pianiste à douze doigts, tout autant virtuose que fan d’Hit­ler, capable de voir l’ave­nir en se shoo­tant à l’éther. « Je suis la Cassandre du troi­sième Reich » se vante-t-il. Les freaks entrés dans la Résis­tance n’ont pas de cape, ne projettent pas de rayons Laser et parlent italien avec de grands gestes. Ce qui fait la force de ce film à grand spec­tacle est cette conjonc­tion surpre­nante entre Terry Gilliam, Pinoc­chio, Fellini et le film social italien des années soixante.

Freaks out de Gabriele Mainetti (It, 2h21) avec Clau­dio Santa­ma­ria, Aurora Giovi­nazzo, Pietro Castel­li­to… Sortie le 30 mars.