Cet été, il y a Jean Dujardin et son zèbre à l’affiche de l’indétrônable OSS 117 (en Une du nouvel Exit), et il y a le même Jean Dujardin en ex-Président de la République prenant soin de son mini-toutou tandis qu’il s’ennuie en Corrèze. “Dans notre film, Nicolas fait 1m82, toute ressemblance avec des personnages existants est donc laissée à l’imaginaire du spectateur.” Le ton est donné : comédie d’anticipation d’un genre nouveau (l’action se déroule en décembre 2021), Présidents n’est ni une satire ni un film à discours, mais bien une politique-fiction subtile, ni tout à fait vraie ni tout à fait fausse, au premier degré et demi pourrait-on dire. C’est toute sa saveur : à la fois capter avec tendresse les personnalités de deux anciens présidents reconnaissables entre tous, et faire une radiographie de l’animal politique au masculin et de son attrait pour le pouvoir, entre leur lucidité quand il s’agit de “renifler” l’état du pays, et leur extrême sensibilité quant à leurs petites personnes et leurs traits de caractère, jusqu’à en être puérils.

François et Nicolas en Corrèze, dans la politique-fiction d’Anne Fontaine.


Premier degré et demi

Au milieu des splendides paysages de la Corrèze érigés comme une carte postale de la France éternelle, Anne Fontaine dispose de deux Rolls d’acteurs qui battent à plates coutures leurs modèles. Dans un savant dosage d’imitation et de caractérisation, Jean Dujardin et Grégory Gadebois composent par les petites touches qui font les grands acteurs des personnages entrés dans l’imaginaire collectif, jusqu’à les faire chanter du Francis Cabrel au petit matin mieux que dans The Voice. Sans jamais se prendre au sérieux, cette fine comédie de mœurs confronte peu à peu cet ancien monde à son improbable retour, moqué par ses compagnes respectives, jusqu’à imaginer une femme “normale” devenue un homme politique comme les autres, d’un féminisme salutaire et sans illusion. La belle surprise de l’été.


Présidents d’Anne Fontaine (Fr, 1h48) avec Jean Dujardin, Grégory Gadebois, Pascale Arbillot, Dora Tillier. Sortie le 30 juin.

Pascale Arbillot, une femme politique comme les autres ?