Prix du scénario à Cannes, La Conspiration du Caire, le nouveau film du réalisateur de Le Caire Confidentiel prétend parler de l’islam au milieu d’une intrigue en gloubi-boulga. Un pétard mouillé suédois à la façon d’un monsieur Jourdain des Frères musulmans.

Quand un réalisateur vous explique (dans le dossier de presse) qu’il peut d’autant mieux parler de l’Egypte qu’il n’y a jamais mis les pieds, il y a déjà un problème. Quand il s’agit en plus d’évoquer la politique et la religion à travers l’islamisation, ça devient franchement embarrassant. L’idée de départ du réalisateur (suédois) de Le Caire confidentiel, très malin en marketing, était pourtant formidable : un jeune homme va servir de taupe infiltrée dans la grande université du Caire en proie aux luttes entre le pouvoir en place et les frères musulmans…

Tawfeek Barhom et Fares Fares dans La Conspiration du Caire de Tarik Saleh.
Les deux acteurs hyper-convaincants de La Conspiration du Caire.

Après Le Caire Confidentiel, un Nom de la Rose feignant

Problème : de l’infiltration ressemble à un comédien has been du Saturday night fever (Farès Farès) et le rôle principal à une crevette égarée sous les projecteurs d’un plateau de cinéma (Tawfeek Barhom, plus livide et plus fade qu’une raie…). Ça tombe bien, il est d’ailleurs pêcheur (comprenez on le verra ramer sur l’eau au début et à la fin du film… et c’est tout).  La caméra à l’épaule se pose où elle peut au milieu des pièces et de la rue, et fait de temps en temps des gros plans sur la bague ou la clope au doigt du méchant pour nous rappeler qu’on aurait dû être dans un polar. Car Tarik Saleh ne filme ni la violence, ni la société égyptienne, encore moins l’embrigadement religieux. Prix du scénario à Cannes (on s’étouffe, encore heureux qu’il n’ait pas eu la mise en scène), il multiplie les rebondissements foireux : il suffira de lire une ligne du Coran pour qu’un Cheikh aveugle sorti du Nom de la Rose renonce à ses aveux… Un pétard mouillé suédois à la façon d’un monsieur Jourdain des Frères musulmans. Atterrant.

La Conspiration du Caire de Tarik Saleh (Boy from heaven, Suè, 2h06) avec Tawfeek Barhom, Fares Fares, Mohammed Bakri, Makram Khouri… Sortie le 26 octobre.