Dans une inter­view récente au Monde, Karine Viard confiait qu’elle aimait “maltrai­ter les bour­geoises en tant qu’ac­trice”. Et on la croit volon­tiers au vu du plai­sir qu’elle prend dans le dernier film de Marc Fitoussi à perdre une fois de plus un person­nage de bour­geoise qui collec­tionne les carrés de soie. Avec toute la maes­tria qu’on lui connaît, l’ac­trice sait jouer toutes les nuances de senti­ment lorsque son person­nage découvre que son chef d’or­chestre de mari (Benja­min Biolay) a une maîtresse, passant alors de la suspi­cion, au senti­ment d’aban­don puis à la jalou­sie et au plai­sir de vengeance. Toujours sur le fil du rasoir, la grande Karine appa­raît tour à tour terri­fiante ou fragile. Fitoussi ne pouvait rêver meilleure inter­prète pour ce film sur le déses­poir d’une parve­nue qui souhaite conser­ver l’amour de son mari autant que sa place dans le petit cercle très fermé d’ex­pa­triés instal­lés à Vienne. Jeux de regard, jeux des appa­rences, jeux de pouvoir, dans cet univers bour­geois où chacun a un secret à cacher, on pense forcé­ment à Chabrol. Fitoussi parvient à bros­ser le portrait glacé d’une certaine société toujours en repré­sen­ta­tion, sans pour autant sacri­fier la nuance des senti­ments. Un film très clas­sique et agréable à regar­der, qui perd malheu­reu­se­ment de son effi­ca­cité et de sa noir­ceur à cause d’une fin trop diluée.

Les Appa­rences de Marc Fitoussi (Fr, 1h50). Avec Karin Viard, Benja­min Biolay, Lucas Englan­der… Sortie le 23 septembre dans les ciné­mas Pathé Belle­cour, Vaise, Carré de Soie, UGC Confluen­ce…