Il était déjà monstrueux dans Adoration, le dernier film de Fabrice du Welz. Revoici Benoît Poelvoorde en Houellebecq d’un manoir de campagne sujet à une crise de larmes inexpliquée, cachant d’abord son jeu dans un charisme ravagé, avant de tout oser : le sexe le plus cru, de l’impuissance à la domination masculine la plus incorrecte. Âmes sensibles s’abstenir : en utilisant toujours à merveille sa veine contemplative et son sens de l’espace dans lequel plane une inquiétude grandissante, Fabrice du Welz entoure son acteur fétiche d’une gente féminine composée de trois générations qui n’en ont que pour lui, mais pas toujours pour son bien : la femme (Mélanie Doutey), la fille et… une ado « Grave » de passage, névrosée jusqu’à l’automutilation. Malgré quelques paresses scénaristiques (comme l’explication du titre), Du Welz garde une esthétique et une folie inspirée qui n’appartiennent qu’à lui, notamment lors d’une scène de danse de tarée le jour d’un anniversaire pas comme les autres (Janaina Halloy, bien plus impressionnante qu’Alba Gaïa Bellugi, assez fadasse dans le rôle principal). Ou d’une dernière séquence splendide, conduisant jusqu’à la fin du générique dans la correspondance épistolaire de cet écrivain qui reste l’objet (sans visage) du délit. Un film de genre personnel et gonflé.

Inexorable de Fabrice du Welz (Bel, 1h38) avec Benoît Poelvoorde, Alba Gaïa Bellugi, Mélanie Doutey, Janaina Halloy, Jacky Berroyer… Sortie le 6 avril.