Ne vous fiez à son titre rohmérien: le dernier film de Nadav Lapid est un brûlot lancé à la tête des politiques israéliens, doublé d’une réflexion sur le rôle du cinéaste. Censure, propagande, militarisme exacerbé, violence des politiques, obéissance des exécutants, liberté à bout de souffle… tout y passe dans ce film aride comme le désert où se déroule une action déconstruite… autour de la figure détestable d’un cinéaste en colère, venu présenter son œuvre dans un village reculé et qui se heurte à la censure de l’administration. Si le ton militant du film et les dialogues labyrinthiques risquent de lasser bon nombre de spectateurs, la forme plastique, aussi coup de poing que ne le sont les propos, réserve de belles surprises comme cette scène d’ouverture sous la pluie ou cette danse de militaires grotesque et superbe. Prétentieux, à fleur de peau et inconfortable, Le Genou d’Ahed reste d’une puissance indiscutable.

Le Genou d’Ahed, De Nadav Lapid (Israël, 1h49). Avec Avshalom Pollak, Nur Fibak, Yoram Honig… Sortie le 15 septembre.