Welcome to Chippendales, la nouvelle série de Dinsey + signée Robert Siegel, retrace l’odyssée du club de strip tease masculin dans les années 70-80 avec beaucoup sexe et un peu de crime. Et une galerie d’actrices et d’acteurs savoureux.

C’est sur Disney + mais ce n’est pas pour les enfants. Welcome to Chippendales retrace la naissance et les coulisses des Chippendales, dans un club miteux des faubourgs de Los Angeles dans les années 70. En rupture avec sa famille indienne d’origine (l’épisode sur la mort de son père n’est pas le meilleur), Somen alias Steve Banerjee est bien décidé à prendre sa part du gâteau – voire le gâteau tout entier – du rêve américain.

Quitte à se priver de toute vie sociale pour devenir un monstre capitaliste froid : il flaire le bon filon quand il s’agit de créer un club de strip tease masculine pour échauffer ces dames, ou d’avoir l’idée d’un calendrier très dénudé qu’on s’arrache en début d’année, même si parfois le nombre de jours par mois n’est pas le bon…

Kumlail Nanjiani et Murray Bartlett, les deux acteurs principaux de Welcome to Chippendales.

Kumail Nanjiani est impeccablement absent de toute émotion en reptile de la finance, guettant ses proies derrière ses lunettes trop grandes du rêve américain (on est bien dans les années 70). Jusqu’à ce qu’il ne découvre Irene, sa future femme (géniale Annaleigh Ashford), qui en lui montrant les centaines de milliers de dollars qu’il va pouvoir économiser en remplissant ses verres de glaçons – et donc moins d’alcool – va devenir la comptable indispensable de cette entreprise self made cynique et amorale, typique des années Reegan.

Murray Bartlett en plein exercice chorégraphique.

Racisme, putasserie, exploitation industrielle des fantasmes, c’est dans les quatre premiers épisodes avec la constitution de son équipe improbable de ce bad dream à l’américaine excelle. Avec une batterie de seconds rôles et d’acteurs plus savoureux les uns que les autres : un clone américain de Melvil Poupaud au sort funeste (Dan Stevens), un chorégraphe gay qui se prend pour l’artiste qu’il est vraiment en plus d’être un bonimenteur de pacotille (Murray Bartlett, dont les multiples aventures sexués en font rapidement le personnage principale), une fille à pédés qui inventera le costume du pantalon qui s’arrache sur le string, ou Otis, le black beau à tomber devenu danseur star malgré la racisme de son patron, gêné de devoir embrasser les furies à billets qui le pelotent, qui tiendra à garder son indépendance au milieu de ce taudis.

Une galerie d’acteurs savoureux entre Los Angeles et New York

Dan Stevens (à droite), le clone américain de Melvil Poupaud dans le premier épisode.

C’est quand la série dresse le tableau de toute cette faune américaine et multi-culturelle qui s’est retrouvée là par hasard qu’elle à son meilleur, entre scènes de sexe incidentes, orgies en coulisses, rivalités naissantes entre Los Angeles et New York (et ses tours jumelles). Chaque personnage existe entre libre arbitre et compromissions, volonté d’émancipation personnelle et composition avec une société dans laquelle tout est possible… jusqu’à sordide.

Annaleigh Ashford, déjà vue dans American Crime Story, aux bras de son drôle de mari.

Malheureusement, lorgnant vers la recette sulfureuse du sexe et du crime mêlés de l’American Crime Story de Ryan Murphy, Robert Siegel, déjà à l’origine de Pam et Tony sur Disney + sur Pamela Anderson, est moins inspiré quand il s’agit de raccrocher les crimes de Somen et l’enquête des deux derniers opus s’avère assez laborieuse, jusqu’à un dernier épisode franchement décevant en Suisse, malgré le charme due l’agent du FBI (Evan Jonigkeit). Reste une série sexy et bien incarnée qui dévoile les coulisses d’un phénomène de société devenu une « organisation criminelle » aux yeux de la loi. Un bon divertissement du samedi soir.

Welcome to Chippendales, série créée par Robert Siegel. 8 épisodes entre 35 et 45 minutes sur Disney +. Avec Kumail Nanjiani, Murray Bartlett, Annaleigh Ashford, Juliette Lewis, Quentin Plair…