On nous avait promis un quadra, le voilà : Nikolaj Szeps-Znaider, 43 ans a été nommé directeur musical de l’Orchestre national de Lyon en décembre. Après Daniele Rustioni, 35 ans, à la tête de l’Orchestre de l’Opéra, non seulement Lyon est la seule ville française après Paris à compter deux orchestres nationaux, mais ils vont désormais être dirigés par une paire de baguettes parmi les plus jeunes de France. Il ne s’agit pas de tomber dans le jeunisme, mais en termes de dynamique et de projets, dans un monde classique autrefois plus pantouflard, c’est une bonne nouvelle et de ce point de vue la nomination du chef israelo-danois ressemble un peu à l’accord parfait. Adoubé par 83 % des musiciens lorsqu’il était venu diriger l’ONL en décembre 2017 (à quand on sondage auprès du public?!), il avait tout pour plaire à Lyon.

Violon d’Ingres.

Il est jusqu’ici, comme beaucoup de chefs avant lui dans l’histoire de la musique, un violoniste : il a notamment gravé au disque une intégrale des concertos de Mozart avec le prestigieux LSO (le London symphony orchestra), ainsi qu’un concerto de Nielsen avec le Philharmonique de New York et Alan Gilbert à la baguette… qui n’est autre que le frère de Jennifer Gilbert, la super-soliste de l’ONL. On est déjà en famille. Il était ensuite régulièrement invité chez un des meilleurs chefs d’orchestre du monde, Valery Gergiev et son orchestre du théâtre Mariinsky. Il a même joué avec l’Orchestre symphonique de Detroit dirigé par un certain Leonard Slatkin, son prédécesseur à la tête de l’ONL, qui s’est aussitôt réjoui de sa nomination. Violoniste au répertoire large, allant du petit orchestre à la Mozart jusqu’aux grandes formations symphoniques de la fin du XIXe siècle, l’autre atout du tsar Nikolaj, c’est d’embrasser la musique de toutes les époques de façon ouverte, un peu à la façon de Giovanni Radivo, autre violon solo de l’orchestre, aussi à l’aise dans Haydn que dans Wagner. Arrivant en plein renouvellement des musiciens de l’ONL, c’est peut-être aussi à cette ouverture d’esprit qu’on doit son adéquation manifeste avec l’orchestre.

Premier de cordée.

« Lors de mes premières rencontres musicales avec l’ONL, j’ai senti une affinité dans la manière d’aborder et de vivre la musique », affirme justement le nouveau directeur musical. Cela m’a profondément touché et me rend confiant dans notre capacité à construire un lien étroit dans les prochaines années. » Nous aussi. D’autant qu’il s’agit pour ce violoniste d’un premier poste comme directeur musical d’un grand orchestre. Ça ne manquera pas de faire grincer les grincheux sécuritaires qui ne manquent pas dans le milieu trop conservateur de la musique classique, ne jurant que par la sacro-sainte expérience. Mais c’est peut-être justement son atout principal : avoir un potentiel musical que lui confère son statut de soliste international tout en ayant une approche neuve de la direction d’orchestre. Avec l’Opéra de Lyon en 2003, Serge Dorny avait aussi été nommé pour la première fois à la tête d’une grande institution lyrique, ce qui ne lui a pour le moins pas trop mal réussi… Ambitieux, Szeps-Znaider attaque très fort pour son premier concert d’ouverture avec deux sommets de la musique allemande : Strauss et Wagner. La géniale Vie de héros et les quatre derniers lieders de Strauss dont le sublime Morgen avec la soprano Genia Kühmeier. Et pour ceux qui seraient intimidés par un long concert, il dirigera aussi le concert expresso du vendredi avec un « Wagner en 55 minutes chrono » aussi inattendu qu’alléchant. De quoi voir dès maintenant ce qu’il a dans le ventre. L.H.

Concerts d’ouverture de l’ONL, direction Nikolaj Szeps-Znaider.

Ouverture de Tannhauser, Une vie de héros et Quatre derniers lieders de Strauss.

Vendredi 26 septembre à 20h et samedi 28 septembre à 18h à l’Auditorium, Lyon 3e. De 16 à 49 €. auditorium-lyon.com

Concert expresso « Wagner en 55 mn chrono ». Vendredi 27 septembre à 15h. 10 €. auditorium-lyon.com