C’est LA chorégraphe sud-africaine qui a bousculé tous les codes du corps et des représentations du spectacle vivant depuis les années 2000, et ce, du hip-hop à l’opéra. Volontiers provocatrice mais toujours énergique, ludique et pleine de dérision, Robyn Orlin n’a jamais hésité à déconstruire les codes de la représentation sociale pour aborder de façon spectaculaire le sida ou la ségrégation. Autant dire le contraire du sectarisme et de la censure à l’œuvre dans la cancel culture. Du solo hors normes de l’artiste Albert Silindokuhle, énorme corps coloré en majesté dans le festival Sens Dessus Dessous à la Maison de la danse, à sa vision électrique et voyeuriste du Pygmalion de Rameau à l’Opéra de Dijon, la chorégraphe a toutes les audaces.

Camille mise en scène par la chorégraphe sud-africaine Robyn Orlin.

De l’eau et des blacks

Autant dire qu’on s’attend à un choc bien déstabilisant : elle filme et met en scène la chanteuse Camille dans un concert-performance qui fait l’ouverture des Nuits de Fourvière et, à coup sûr, un des grands événements de la Biennale de la danse, les deux festivals étant jumelés pour l’occasion. D’autant que la grande Camille parlera d’eau – « sans forme ni couleur » – sans eau autour d’elle, mais accompagnée du chœur black des Phuphuma Love Minus issu de l’Afrique du Sud la plus rurale. Le printemps culturel revient, coloré et plein de sève, féministe, bigarré et ancré dans ses racines les plus naturelles. Voilà qui servira de piqûre plus efficace qu’un Pfizer aux bien-pensants, et qui ne manquera pas de faire du bien à tous les autres, comme nous, avides de sensations fortes.

Robyn Orlin & Camille, en ouverture des Nuits de Fourvière, Lyon 5e, dans le cadre de la Biennale de la danse les 1er et 2 juin prochain (photos Mehdi / La Bâtie, festival de Genève) . Billetterie et programmation le 3 mai. Nuits de Fourvière