Depuis trente ans, la sublime voix éraillée de Stuart Staples parcourt les nuits avec la bande des Tindersticks. Groupe mythique de la brit-pop, les Tindersticks profitent de cet anniversaire pour faire un passage au Radiant-Bellevue. Entretien exclusif avec le dandy de la chanson anglaise, réfugié au cœur de la Creuse depuis une dizaine d’années.
Vous venez de sortir un best-off qui retrace trente années de carrière. Qu’est-ce que ça représente pour vous ?
Stuart Staples : Cela faisait un moment que l’on pensait à cet anniversaire, avant même la pandémie. Trente ans, c’est très compliqué à ignorer comme anniversaire (rire). C’est vraiment quelque chose de très puissant et on est très heureux.

Depuis No Treasure But Hope, vous vous retrouvez tous les trois ans pour un nouvel album. Vous aviez besoin de faire des pauses ?
On fait d’autres choses. Moi j’ai fait un album en solo en 2018. Avec le groupe, nous avons composé la musique du film de Claire Denis High Life. C’est resté très chargé en fait. Après No Treasure But Hope, on n’a pas pu travailler avec le groupe à cause de la pandémie. Au final quand on s’est retrouvé, ça a donné un album très naturaliste.
« Je pense qu’on a toujours voulu retrouver l’essence de ce qui fait une ligne de guitare »
Stuart Staples
Justement on a l’impression que depuis deux albums, votre musique est plus minimaliste. Ça représente un tournant dans votre carrière ?
Je crois que ça a toujours été là. Peut-être que nous n’étions pas aussi déterminés sur la manière de l’atteindre. Je pense qu’on a toujours voulu retrouver l’essence de ce qui fait une ligne de guitare, plutôt que d’empiler sept grosses guitares sur une piste. On a probablement atteint notre but.
Dans votre dernier album, le morceau Tue-moi vous a été inspiré par les attentats du 13 novembre. Quels rapports avez-vous avec l’actualité dans l’écriture de vos chansons ? Cela a-t-il été plus long que pour d’autres morceaux ?
Ce soir-là je fêtais l’anniversaire de mes 50 ans. L’attentat au Bataclan m’a vraiment secoué. On a joué là-bas si souvent. Et puis c’était juste à côté du domicile de Claire (Denis NDLR). Quelque chose, ce soir-là, m’a vraiment touché très profondément. Mais il m’a fallu longtemps pour l’exprimer. Pour certaines chansons, vous n’avez pas vraiment le choix. Il faut juste accepter que les choses viennent directement à vous. Quand vous l’acceptez, vous avez surtout besoin d’être honnête. C’est ce qui m’a guidé pour cette chanson et évidemment il fallait que ce soit en français.
Tindersticks. Mercredi 12 octobre au Radiant Bellevue, Caluire-et-Cuire à 20h30.