Un an après avoir été récompensé du Grand prix à Cannes (ex-aequo avec Close de Lukas Dhont) et initialement prévu pour mai, le nouveau long-métrage de Claire Denis débarque discrètement dans nos salles obscures. Et quand on voit la vacuité de l’ensemble, on comprend mieux le retard.

Claire Denis troque la grisaille parisienne d’Avec amour et acharnement pour une romance érotique moite en Amérique centrale sur fond coup d’État et de manigances financières. Adaptation du roman Des étoiles à midi de Denis Johnson (un must-read), on y suit les tribulations de Trish (Margaret Qualley) une jeune journaliste/prostituée américaine coincée sans passeport dans un Nicaragua en pleine période électorale. Sa rencontre avec Daniel (Joe Alwyn), bel anglais au costume blanc immaculé, lui laisse espérer une porte de sortie, mais c’est finalement tout le contraire qui va se produire. Vous pensiez voir un film aux nombreux enjeux géopolitiques et une intrigue pleine de tension, et bien détrompez vous. Ça, c’était Denis Johnson. Claire Denis, elle, reste volontairement floue et abandonne tout semblant de narration au profit d’un récit « sensoriel » et une ambiance exotique qui rappelle étrangement le Pacifiction d’Albert Serra.

Sexe, mensonges et rasade de rhum : on a bien du mal à croire à cette idylle pleine de désir et de dangers. La faute à des dialogues clichés au possible et surtout à la performance de Joe Alwyn qui manque cruellement de charisme pour nous faire croire à son personnage d’espion mystérieux. Même la magnétique Margaret Qualley ne parvient pas à sauver cette débâcle. Alors qu’il s’enlise dans un enchainement de scènes de sexe insipides et d’intrigues politiques nébuleuses, ce thriller vide de sens finit par nous égarer complètement en laissant seulement la bande originale envoûtante de Tindersticks gravée dans nos souvenirs.

Stars at Noon de Claire Denis (Fr-Pan-EU, 2h17) avec Margaret Qualley, Joe Alwyn, Benny Safdie… Sortie le 14 juin.