A dévisser son jean et minauder sur le clip du Bichon à ses débuts, on avait failli limiter Julien Doré au rôle de Chum de Louise Bourgoin à l’époque, tout juste bon à alimenter la chronique du classement des beaux gosses sur papier glacé. On aurait bien tort, même s’il est toujours aussi beau : avec Love, il signait un album de musicien à part entière, en pleine maturité, simplifiant son écriture et approfondissant ses sentiments, sans jamais perdre le sens de la danse.

Julien Doré, toujours aussi beau. (photo Golezinowski).

La fièvre Julien Doré

Fini les name’s dropping qui encombrait trops ouvent les texte de ses albums précédents, de la Fiat Punto au jeu de mots foireux de l’Eté summer. Des souvenirs de virées à deux comme dans le très beau Paris-Seychelles, aux plongées introspectives de Mon Apache – le plus beau titre de l’album signé Arman Méliès qu’il interprète en bis – il faisait sa fête au chagrin amoureux. Aussi chou qu’épicé, Chou Wasabi en duo avec Micky Green définissait très bien l’état d’esprit de l’album : danser sur les décombres, et envoyer valser le dépit amoureux en conjurant des textes chagrins par des rythmiques et des arrangements on ne peut plus pop. Depuis, il a largement confirmé son talent sur scène, en signant de vrais shows d’effusion-fusion, en pleine communion avec son public.

Au RFM Music live à Lyon (photo Guilhem Canal).

Entre nous

Il est parfois fait à Julien Doré le procès de raconter n’importe quoi, de mettre bout à bout des suites de mots dénuées de sens – à notre avis plutôt sens dessus dessous. Alors oui, parfois, il n’y a rien à comprendre. Il faut juste se laisser prendre. Par la musique, on entend. Sur ces ritournelles nostalgiques aux rythmiques downtempo, le souffle retenu du chanteur est avant tout un instrument de plus, qu’il use comme des autres : en toute humilité. Car, on le cite, « le gars n’est pas Chopin » mais malgré ses modestes capacités techniques, « le gars » se débrouille très bien quand il s’agit de trouver la juste mélodie qui va droit au cœur, celle que l’on fredonne des jours durant.. Nous sur son dernier opus est exactement de cette eau-là, et on imagine bien la Halle Tony Garnier d’entonner en choeur sous les escaliers et néons fluos qui habitent une scène qu’il veut toujours festive. C’est ça, le véritable génie pop.

Julien Doré. Samedi 2 avril à 20h à la Halle Tony Garnier, Lyon 7e. De 37 à 59 €.