Il a un nom féminin en hommage à la grande prêtresse du cinéma français, et une de voix de plus en plus androgyne étonnamment avec l’âge, comme s’il s’envolait vers toujours plus de liberté. « 88% des hommes sont pédés » clame-t-il sur son dernier opus en compagnie de Lomepal, comme un hétéro qui se sentirait anormal. Après le succès irrationnel de Robots après tout et Louxor qui avait coupé le son de toutes les platines aux soirs du Nouvel an, il a désormais connu la notoriété en devenant un des seconds rôles les plus populaires, entrant dans le Grand Bain du cinéma, qui lui valu à juste titre un César archi-mérité. On peut d’ailleurs le voir encore ce mois-ci dans le nouveau film de Valérie Donzelli, Notre-Dame (lire notre critique p 21). Entretemps, il a poursuivi son bonhomme de chemin intime dans la chanson avec la même singularité, d’abord avec un album qui portait son nom, puis avec Le Film, exercice d’introspection poétique qui valut une tournée piano-voix s’apparentant au « moment parfait » du disque.

Moment de grâce.

Avec ses Confessions aujourd’hui, il réussit une merveille qui croise sa légèreté chaloupée, son appétit gaguesque, et une veine intime assez grave voire politiquement inquiète (« Raphaël »), habité de purs moments de grâce comme d’aller faire chanter par ses enfants « la mort rend les gens beaux » pour les préparer au pire en douceur. Le portrait de société a la même acuité des gens qui parlent trop pour e rien dire à la colère sociale qui, l’air de rien, traverse tout l’album. Les arrangements foisonnants sous la simplicité, des cordes symphoniques aux synthés luisants, en font un millefeuille passionnant dont on n’a pas fini de lécher les couches, et qui devrait trouver un exutoire particulièrement fertile sur scène : autoportrait familial ouvert aux quatre vents qui se lèvent à travers le monde, Confessions est une pure merveille, drôle, émouvante, inventive jusque dans sa forme cinématographique, convoquant jusqu’à la voix de Gérard Depardieu. L’album de la maturité de celui qui accepte d’être vieux en embrassant plus grand que lui, sans jamais être adulte. En pantalon Deschiens ou en short jeans déchiré, on a hâte de le retrouver sur la scène du Transbo, pour son plus beau joyau depuis Robots après tout et sa tournée mythique avec les Little Rabbits. L.H.

Philippe Katerine, Confessions. Jeudi 12 décembre à 20h au Transbordeur. 30 €. transbordeur.fr L’intégrale du concert Confessions est disponible pour les abonnés Canal Plus << ici >>.

A l’affiche aussi de Notre-Dame de Valérie Donzelli, au cinéma le 18 décembre. Bande-annonce, très française, << ici >>.