Vous n’avez jamais mis les pieds à la Fonda­tion Renaud ? C’est le moment d’al­ler décou­vrir ce centre d’art, installé depuis 2019 dans l’an­cien fort de Vaise, et qui a hérité de la collec­tion de la famille Renaud, essen­tiel­le­ment tour­née vers les artistes lyon­nais. D’au­tant plus que sa nouvelle expo­si­tion est dédiée à une figure majeure de la scène lyon­naise d’après-guerre, le peintre Evaristo. Possé­dant pas moins de 930 œuvres léguées par la famille du peintre, la Fonda­tion a sélec­tionné une varia­tion de pein­tures, gouaches, dessins à l’encre et sculp­tures en bois d’oli­vier qui illus­trent la variété des médiums utili­sés par ce berger espa­gnol ayant fui la guerre civile avec sa famille, Lyon­nais d’adop­tion et ouvrier chez Berliet, devenu artiste auto­di­dacte en suivant les cours du soir aux Beaux-Arts. Un destin hors norme, marqué par la guerre, l’exil et la souf­france, des thèmes qui imprègnent ses œuvres.

Douceur ardé­choise

Person­nages aux yeux dispro­por­tion­nés comme s’ils avaient vu trop d’hor­reurs, têtes de mort et ciel jaune ou rougeoyant d’apo­ca­lyp­se… Les tableaux d’Eva­risto sont loin d’être fendards et pour­tant, la puis­sance qui émane des contours aux lourds traits noirs et les couleurs tantôt terreuses, tantôt tran­chantes, témoignent d’un style propre à l’ar­tiste. Un artiste qui ne parle pas que de l’exil et du tragique de l’exis­tence, mais aussi de moments de répit, peignant les paysages d’Ar­dèche qui lui rappe­laient tant sa Cata­logne natale ou dessi­nant à l’encre noire des moments de tendresse. En visi­tant cette expo­si­tion, en plus d’ad­mi­rer la collec­tion la plus impor­tante d’Eva­risto, vous pour­rez décou­vrir l’an­cien fort de Vaise, parfai­te­ment restauré, et profi­ter de la magni­fique vue sur Lyon et la Saône.

Evaristo, au-delà du trait : reflets d’âmes, jusqu’au dimanche 19 décembre à la Fonda­tion Renaud, Lyon 9e. Du mercredi au dimanche, de 14 h à 18 h. De 3 à 6 €.