Modeste en nombre d’œuvres, l’exposition du musée des Beaux-Arts consacrée à Louis Bouquet, le peintre de la fresque de la Grande poste place Bellecour, n’en est pas moins une révélation. Rétrospectivement, ce peintre qui n’aura vécu que de commandes publiques à travers des œuvres monumentales peut être considéré comme un “street artiste” avant l’heure. Ses œuvres de chevalet, restées dans le cercle privé de la famille et échappant ainsi au marché de l’art, sont exposées pour la première fois, sans vernis sur la toile, justement pour garder la texture rèche des peintures murales. Leur style art déco peut être vu aujourd’hui comme d’une singulière modernité, que ce soit à travers les Animaux d’Orphée qu’on jurerait sortis d’un roman graphique ou le diptyque d’Adam et Eve, relisant les rapports homme-femme à l’aune d’un réalisme clinique inspiré par la tradition allemande : Adam au pied-bot et varices est dépassé par la puissance d’Eve, incarnée par la propre femme du peintre (psychanalystes, à vos divans).

L’Afrique noire de Louis Bouquet, étude, 1931.
(Adagp, musées de la ville de Boulogne Billancourt, Philippe Fuzeau)

Street artiste lyonnais avant l’heure

Les autoportraits de ce peintre mort à l’Île-Barbe (l’ensemble de ses œuvres y sont aujourd’hui regroupées) traduisent toute son inquiétude. Mais c’est surtout l’extraordinaire salle consacrée à l’Afrique noire qui montre toute l’originalité du peintre, régénérant son art occidental au contact de figures africaines, à commencer par une Vénus noire insolente trônant en majesté au-dessus de la lyre d’Orphée. Vous n’irez plus jamais à la poste comme avant… Commencez déjà par aller au musée des Beaux-Arts tout l’été, Flandrin et deux autres expositions aussi vous y attendent.


L’Odyssée moderne de Louis Bouquet, au musée des Beaux-Arts, Lyon 1er, jusqu’au 29 août 2021. Du mercredi au lundi de 10h à 18h, le vendredi de 10h30 à 18h. De 4 à 8€. mba-lyon.fr

Autoportrait de Louis Bouquet sur papier peint vers 1918. (photo Louis Couderette)