Le Musée Lumière, idéa­le­ment situé dans la maison fami­liale des inven­teurs du Ciné­ma­to­graphe, était fermé depuis le mois de janvier pour travaux. Voilà la copie réno­vée. Elle est supé­rieure à l’ori­gi­nale. Les collec­tions impor­tantes d’objets ayant parti­cipé à l’in­ven­tion du cinéma ont été réagen­cées. La petite impres­sion de jolie brocante qui régnait aupa­ra­vant dans un esprit assez XIXe siècle a été épurée, moder­ni­sée, pour aller à l’es­sen­tiel : l’his­toire fasci­nante de la nais­sance du cinéma et de deux inven­teurs géniaux : les frères Lumière.

Le Ciné­ma­to­graphe, le seul, l’unique. (photos Loïc Benoit)

Le musée Lumière rouvre, en mieux

Au rez-de-chaus­sée, on voit bien qu’ils ne sont pas limi­tés à l’image. On admire notam­ment un appa­reil de chauf­fage par cata­lyse, sans flamme, qui avait servi dans les avions pendant la première guerre mondiale. Plus loin , un « pince-main », une prothèse pour les ampu­tés de la Grande Guerre, ou le fameux tulle gras d’Auguste Lumière destiné aux grands brûlés.

Au vu de l’arbre généa­lo­gique, les Lumière n’ont en revanche pas fait preuve de beau­coup de créa­ti­vité dans leur vie conju­gale. Sur six enfants, quatre ont épousé un ou une Winck­ler, fameuse famille de bras­seurs. Ce genre de détail, comme la visite de la chambre de José­phine et Antoine Lumière, les parents, visible comme si on s’im­misçait dans leur vie privée (comment dormait-on confor­ta­ble­ment dans un si petit lit ?), ajoute un supplé­ment d’âme à ce parcours histo­rique.

Sublime lustre Art nouveau de la Villa Lumière.

Un supplé­ment d’âme fami­lial et le Zootrope d’Emi­lie Tolot

L’ex­po­si­tion n’est pas tant l’apo­lo­gie d’une famille ingé­nieuse et indus­trieuse que la mise en pers­pec­tive des diffé­rentes inven­tions photo­gra­phiques et animées qui ont conduit au fameux « premier film » (La Sortie des usines Lumière, dont il existe plusieurs versions). Du fusil photo­gra­phique de Marey au kiné­to­scope du géant Edison en passant par la machine à coudre dont le méca­nisme a inspiré le Ciné­ma­to­graphe, on saisit parfai­te­ment que le cinéma avait de nombreux géni­teurs.

Au premier étage, désor­mais desservi par un ascen­seur, on est fasciné par le Zootrope, sculp­ture contem­po­raine d’Émilie Tolot. Pour l’ani­mer, il suffit d’ap­puyer sur un bouton. La magie conti­nue avec les multiples projec­tions de films réno­vés sur fond de Jean-Michel Jarre. Cette maison Art nouveau, peuplée de magni­fiques photos et de souve­nirs d’une indus­trie floris­sante, est mani­fes­te­ment hantée. Un peu comme l’est le cinéma d’ailleurs, ce créa­teur de fantômes.