Si l’on n’est pas spécialiste ou collectionneur, les collections de minéraux évoquent l’ennui et les dimanches après-midi pluvieux. Le Musée des confluences en possède plus de 10 000 ! Seulement, le temps n’est plus au musée Guimet et aux cabinets de curiosités… Cette exposition passionnante retrace l’histoire des minéraux et de leur exploitation par l’homme depuis les premiers coups de pioche (en silex ou en bois de cerf) jusqu’à l’exploitation des terres rares que l’on retrouve à l’intérieur de nos smartphones. Si l’eau et le climat sont immédiatement cités comme les enjeux fondamentaux de l’avenir de l’humanité, les cailloux qui sont sous nos pieds ne sont pas un sujet mineur. L’entrée met en condition : elle reproduit un couloir de mine, les rails pour les chariots et les étais. La déambulation chronologique rappelle que, dès les débuts de l’humanité, nous n’avons eu de cesse de gratter et de creuser. Les utilisations des minéraux sont diverses : alimentaire pour le sel et les pointes de flèches en silex destinées à la chasse, décorative et artistique pour les pigments.

Vue de l’exposition Secrets de la terre au musée des Confluences
(photo Philippe Somnolet ; en haut photo François Vigouroux)

Une mine de beautés et d’horreur

L’âge de bronze, puis l’âge de fer, ont permis de développer des outils mais aussi des armes plus efficaces. Les vitraux de Chartres n’existeraient pas sans la maîtrise du sable. On découvre comment les artisans du Moyen-Âge arrivaient à fabriquer du verre plat sans utiliser de rouleau à pâtisserie. Une fois le verre soufflé en sphère, ils coupaient une partie pour former une cloche puis la faisaient tourner, comme on le voit pratiquer par les pizzaiolos, afin de réaliser un disque parfait. En 1450, Gutenberg a dû inventer un alliage de plomb, d’étain et d’antimoine pour fabriquer les caractères mobiles d’imprimerie, mettant les moines copistes au chômage. Les monnaies en métal avaient développé le commerce. Le charbon nourrissant la machine à vapeur a alimenté la révolution industrielle. Aujourd’hui, les ressources minérales du sol se retrouvent au quotidien dans nos ordinateurs, la santé, l’automobile, l’aviation et même les éoliennes. Plusieurs extraits de documentaires insistent sur la part sombre de cette exploitation. Il existe un lien entre les téléphones portables et la guerre du Congo. Les minerais servant aux mobiles financeraient une guerre qui a engendré 5 millions de morts. L’extraction des terres rares se fait au prix d’une pollution sans précédent. La radioactivité près de la mine de Baotou (Mongolie) serait 32 fois supérieure à la normale (contre 14 fois à Tchernobyl). Nauru, île perdue du pacifique, s’est « mangée elle-même » en surexploitant ses ressources en phosphate . Cela n’enlève pas le plaisir des yeux. Certains minéraux sont stupéfiants de beauté, et l’on peut même caresser une météorite.

Secrets de la terre. Jusqu’au 22 octobre 2023 au Musée des confluences, du mardi au dimanche de 10h30 à 18h30, Lyon 2e. De 6 à 9 €.

Fragment de météorite ferreuse retrouvée dans l’Aube.