Pendant longtemps, Sebastião Salgado a photographié les hommes, les conflits, l’exode, marquant les esprits avec ses reportages en noir et blanc au Rwanda ou dans les mines d’or du Brésil. Puis il a fini par vaciller, fatigué d’être témoin de tant de violence. Bien décidé à arrêter la photographie, il reprend avec sa femme, Lélia, la ferme familiale située dans le centre du Brésil et entreprend de replanter plus de deux millions d’arbres sur les terres déforestées. Peu à peu, la forêt revit, les animaux comme les jaguars et les caïmans réapparaissent et Sebastião reprend goût à la vie. C’est alors que naît son projet Genesis : « Aller voir ce qu’il y a de plus pur sur la terre ». En faisant des recherches, le photographe découvre que 46 % de la planète « ressemble encore aux origines ». Madagascar, Antarctique, îles Galapagos ou Sibérie, le voilà parti dans les endroits les plus reculés de la planète, à la recherche de paysages intacts et de tribus ancestrales.

Aux origines du monde

C’est ce travail qui a occupé huit ans de sa vie que le Brésilien a présenté à la Sucrière, juste avant l’arrêt des activités, dans une exposition qui voyage depuis maintenant sept ans… et qui est reprise et prolongée à partir du 3 juin pour notre plus grand bonheur. Phoques tournant leurs yeux ronds comme des billes vers l’objectif, peau luisante des cétacés, paysage de feu ou de glaces, ses photos sont saisissantes de beauté, magnifiées par le noir et blanc chromé, presque argenté des tirages. S’il est un très bon portraitiste, immortalisant des guerriers papous ou les dernières femmes à plateau du monde, sa science de la lumière et de la composition est sans égale dans le traitement des paysages, mettant chaque détail en relief. Les esprits chagrins pourront reprocher au photographe ses images trop léchées façon National Géographique, en noir et blanc chromé. Reste que leur force est indéniable. Il ne faut d’ailleurs pas hésiter à prendre du recul face aux grands tirages pour en saisir toute la puissance.

Genesis de Sebastião Salgado, à partir du 3 juin et jusqu’à fin juillet à la Sucrière, Lyon 2e. Du mercredi au dimanche de 10h à 17h. Fermé les lundis et mardis.

Attention : pas de billetterie sur place, réservation en ligne obligatoire, capacité limitée à un tiers. Port du masque obligatoire. Gel hydro-alcoolique à disposition. Temps de visite à respecter : 1h. Entrée toutes les 30 minutes.

De 8 à 13€. lasucriere-lyon.com