Vous avez peur de vous ennuyer au théâtre ? Rassu­rez-vous, avec l’adap­ta­tion du Capi­taine Fracasse imagi­née par Jean-Chris­tophe Hembert, ce ne sera pas le cas. Le metteur en scène, connu pour son rôle de Kara­doc dans Kaame­lott, tire du roman de Théo­phile Gautier une pièce popu­laire au bon sens du terme : géné­reuse et s’adres­sant à tous les publics. Il dépous­sière cette aven­ture de cape et d’épée avec une mise en scène pop compre­nant aussi bien des réfé­rences à Molière qu’au manga et au théâtre japo­nais kabuki sur fond de musique rock. Si la pièce resti­tue l’as­pect baroque de la struc­ture du roman qui a tendance à partir dans tous les sens (Gautier a mis 50 ans pour écrire Le Capi­taine Fracasse !), Jean-Chris­tophe Hembert a choisi de se concen­trer sur la troupe de comé­diens de l’his­toire, comme une grande décla­ra­tion d’amour au théâtre. Car Fracasse raconte aussi bien l’his­toire d’un baron ruiné et coupé du monde, person­nage sombre et bègue qui retrou­vera de sa superbe grâce au théâtre, que les aven­tures de la troupe qu’il intègre malgré lui.

À la pointe de la langue

Mises en abîme, mensonges, dégui­se­ments et ton outran­cier, le théâtre est montré à chaque scène, pour dire aussi bien la joie du jeu que les condi­tions de vie misé­rables des comé­diens, donnant lieu aux scènes les plus violentes (Isabelle constam­ment harce­lée par le duc de Vallom­breuse) comme les plus drôles (le festin imagi­naire à l’au­berge). Et s’il
n’ou­blie pas les scènes de cape et d’épée, c’est d’abord à la pointe de la langue que Hembert conquiert son public. Il rend hommage à l’écri­ture dense et vivante de Gautier avec des tirades et répliques gour­mandes dont l’oreille peine même à saisir toutes les richesses. Un souffle épique, des costumes d’époque, des acteurs au diapa­son (parmi lesquels on retrouve d’autres membres de Kaame­lott, comme Jacques Cham­bon, Thomas Cous­seau ou Loïc Varraut), de l’hu­mour se mêlant à la noir­ceur, on a trouvé le spec­tacle impa­rable pour les fêtes de fin d’an­née.


Fracasse, d’après Le Capi­taine Fracasse de Théo­phile Gautier,
mise en scène Jean-Chris­tophe Hembert. Du mardi 14 au
vendredi 31 décembre à 21 h (samedi 25 et les dimanches à 18 h) au théâtre des Céles­tins, Lyon 2e. De 7 à 40 €. Photo : Simon Gosse­lin.