Un candidat à la présidentielle vient de subir un accident en rase campagne et débarque dans un hôtel de la France profonde pour camoufler l’incident. Francis, le réceptionniste, l’accueille malgré tout avec son complet déchiré alors que les chambres de l’hôtel semblent déjà bien occupées au bruit que font certains clients… Jacques Chambon réussit à mêler autour d’un duo improbable à la façon de L’Emmerdeur, une critique de la politicaillerie devenue un métier de communicants, une satire des préjugés sexuels, et un tableau particulièrement juste et émouvant de la « France d’en bas » et de la difficulté de vivre une homosexualité dans un bled où il n’existe aucun modèle et une vie sociale proche du néant. Rien à voir donc, avec un énième commentaire ricanant de la campagne Présidentielle, cette belle pièce, créée en 2017, est un portrait sensible.

L’écriture subtile de Jacques Chambon

A côté de Chambon faisant le grand show en professionnel de la communication en mode panique, le costume déchiré, Laurent Lacroix est une merveille de tendresse et de bon sens, défaisant un à un les clichés d’une France un peu trop sûre d’elle dans des dialogues de comédie à boire du petit lait. C’est toute la merveille de l’écriture de Jacques Chambon : être à la fois directe et subtile pour dresser un portrait d’une certaine France oubliée d’aujourd’hui à travers une formidable mécanique de plateau. Une pièce drôle et inattendue, qui sait ce que fraternité veut dire.

Troubles de l’élection de Jacques Chambon. Du jeudi 20 au samedi 22 janvier à la Maison de Guignol, Lyon 5e. De 15 à 20 €.