Avant-première. Elle joue encore deux dates à Paris début octobre et c’est fini : Florence Foresti a terminé le « rodage » de son nouveau spectacle, Epilogue (qui ne sera pas le dernier), auquel on a pu assister samedi dernier dans une Bourse du travail pleine à craquer. Elle débarque sur scène sur fond de paillettes la bouche grande ouverte et le son à fond pour faire un playback de… Tina Turner ! Après avoir chambré son public (« statistiquement, il devrait y avoir 10 % de connards dans la salle »), elle entame ses thèmes de prédilection comme les rapports homme-femme, à travers un sketch sur la balade en famille chez Ikea le dimanche qui constitue déjà à lui seul une anthologie. Mais voir la Foresti sur scène, c’est comme voir Charlot au cinéma : dotée d’un jeu de scène exceptionnel, elle se lance dans une comparaison entre les douches française et américaine en prenant son pied à deux mains dans un moment de pur burlesque, capable de soulever la salle uniquement par ses mimiques et son sens du timing. Mais ce qu’on aime aussi chez Florence Foresti, c’est d’être une star populaire qui n’a jamais eu peur d’être mal pensante. En prenant ses précautions face aux féministes du politiquement correct qui ne manqueront pas de lui tomber dessus, elle règle son compte avec son physique dans un sketch hilarant : « moi ça fait 45 ans que je ne suis pas harcelable, c’est pas hashtag #metoo c’est plutôt hashtag #notme »… Après s’être rêvée la plus belle en robe de mariée en faisant un doigt d’honneur à chaque pas, elle se lance dans une comparaison entre le « charme » qu’on prête aux hommes d’un certain âge, surtout les barbus (« on ne sait pas si dessous ils sont moches ou s’ils sont beaux ») et qu’on refuse aux femmes de son âge. Elle finira même par mettre en scène son propre enterrement au Panthéon en bis en mimant les frères Bogdanov en train de sonner les cloches en Quasimodo. Juste avant, elle aura parlé « du seul endroit où les juifs et les arabes s’entendent très bien » : l’hôpital américain de Neuilly, où la nouvelel parisienne a accouché de sa fille, « avec une Rollex au bout de la perf, mais le cancer quand même ». Elle n’a rien perdu de son humour, noir à l’occasion, avant de lâcher un dernier scud : « Je vous laisse deviner des Juifs et des Arabes qui sont les malades et qui sont les médecins ! ». Elle a beau mettre en scène son « Epilogue », Foresti n’en finit pas de nous faire rire, clown burlesque doublé d’une observation sociale qui fait toujours mouche… A part pour la séquence sur son téléphone portable, dispensable dans un spectacle sans fausse note. Péché véniel sans doute dû au rodage dont elle pourra largement se passer lors de la reprise… qu’on attend avec impatience. Pour le moment, aucune date n’est encore annoncée, mais ça ne devrait pas tarder… L.H.