Entretien avec un de nos comiques préférés, Jérôme Commandeur, qui revient à Lyon pour son nouveau film, et un remix de son dernier spectacle.

Votre nouveau spectacle Toujours en douceur est-il une nouvelle version de Tour en douceur ?

Jérôme Commandeur : C’est une suite. J’avais arrêté ma tournée comme tout le monde avec les confinements. Je voulais reprendre en actualisant ce qui devait l’être avec ce qu’il y a de moins réjouissant : le Covid, la guerre en Ukraine, et bizarrement c’est peut-être ce qui fait le plus rire, un peu comme un crevage d’abcès…

C’est une des vos caractéristiques comme l’indique votre titre, Tout en douceur. Oser parler de tout, même de façon très noire, mais en restant léger et avec beaucoup d’autodérision aussi. Vous êtes un peu un sniper convivial…

C’est la moindre des politesses l’autodérision quand on shampouine tout le monde comme je le fais et quand on aborde des sujets à la base particulièrement compliqués. Je suis là pour secouer mais pas pour tout saccager, je reste un passeur. J’aime beaucoup l’idée qu’on se dit tout mais qu’à la fin on part boire un coup ensemble…

« Les comiques sont des vampires du quotidien. »

Jérôme commandeur

Qu’est-ce qui fait une bonne réplique pour vous ? Est-ce que vous l’écrivez de la même façon pour votre one man show qu’au cinéma ?

Il faut avant tout qu’elle claque, qu’elle soit musicale, et qu’on la retienne. Mais c’est la structure qui reste fondamentale, sur scène comme au cinéma. Ensuite intervient le travail du dialoguiste. Un jour par exemple j’avais tenté une intro sur la crémation de ma grand tante, que tout le monde trouvait beaucoup trop longue… A ma grande surprise, le public riait beaucoup, je l’ai gardé. Au-delà de la réplique, c’est la façon dont on pose le regard qui compte, et avant tout l’universalité su sujet. On est un peu des témoins de vie, même si on retourne les situations.

Vous vous inspirez beaucoup de l’observation du quotidien. Entre votre one, votre film et vos rôles au cinéma, où trouvez-vous le temps pour la vraie vie ?

Je me suis toujours souvenu de ce que m’a dit Chantal Lauby. Sur Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ?, je lui avais demandé pourquoi ils avaient arrêté Les Nuls? Elle m’avait répondu : “parce qu’on ne vampirisait plus” ! On est des vampires de la vie quotidienne : on passe notre temps à sucer le sang des gens autour de nous ! (rires) On mâchouille tout le temps ce qu’on va bien pouvoir raconter. ça ne marche pas toujours. Qu’on ait du succès ou pas, c’est une quête permanente.”

Propos recueillis par Luc Hernandez

Toujours en douceur de Jérôme Commandeur. Mardi 24 et mercredi 25 mai à 20h à la Bourse du travail, Lyon 3e. De 32 à 41 €.

Jérôme Commandeur sera aussi au Pathé Bellecour le 24 mai pour présenter en avant-première son nouveau film, Irréductible, grand prix du festival de l’Alpe d’Huez (sortie le 29 juin).