Souvenez-vous, “l’artiste féminine de l’année” aux Victoires de la musique en 2015 (une éternité), s’était fait remarquer avec son petit blazer noir et ses souliers vernis de l’internat, en train de tenter un moonwalk à la façon de son idole Michael Jackson. Vue sa virtuosité, on avait plutôt l’impression qu’elle était en train de traverser le séjour chez sa grand-mère en patins, mais si elle n’en avait pas (encore) le talent, elle en avait abnégation : toujours comme on idole, elle a tenté depuis toute une série d’opérations de changement de nom (on espère que ce n’est pas trop douloureux), d’abord en devenant Chris en oubliant les Queens, puis carrément en prenant le virage de “Redcar”.

Comme en prime ses riffs étaient tellement rebattus qu’elle a même été prise en flagrant délit de copier à l’école du sample (un comble), elle ne savait plus qui elle était, peut-être encore féminine mais de moins en moins artiste, et encore moins de l’année. Devant le bide de son entreprise automobile tout de rouge vêtue, Redcar, donc, a choisi de faire machine arrière pour redevenir… Christine and the Queens. Qu’est-ce qu’il ne faut pas faire quand la musique ne sonne sonne sonne plus, et n’est plus bonne bonne bonne du tout…

Christine, Chris, Redcar, rayer la mention inutile

Au moins, vous saurez qui vous irez voir aux Nuits de Fourvière. Revoici donc Héloïse Adélaïde Letissier sous son nom (de scène) d’origine, mais entre beuglements, choeurs boursouflés en double couche, flow embourbé dans des poses arty, et des arrangements digne d’un Bontempi qu’on nous avait faire bien avant 2015, on n’est pas sûr que son retour soit un retour vers le futur… Comme elle a l’art de découper chaque mot en écho à l’infini tant il lui semble dur d’écrire : quand elle est, elle “hè hè hè hè”, et quand elle respire, c’est “pire pire pire”. On espère que le régisseur des Nuits saura éviter le larsen et l’écho dans le théâtre antique, mais puisqu’elle a au moins le mérite de la persévérance et de redevenir elle-même, on va dire qu’on y croit, “ha ha”. Mais on ne vous promet pas de venir le chanter dans la fosse…

Christine and the Queens. Mardi 6 juin à 21h30 aux Nuits de Fourvière, grand théâtre antique. 55 € (pour Christine ET les queens).