Silence, l’au­dience commence. Le public se lève et la juge sévère prend place sur l’es­trade. Le collec­tif des Bâtards dorés rouvre le procès qui suivit le retour des survi­vants du célèbre Radeau de la Méduse en 1816. La juge dresse le tableau et énumère les diffé­rents chefs d’ac­cu­sa­tion. Sur les 156 personnes qui s’y entas­sèrent, seules une dizaine revien­dront.

Le procès du Radeau de la Méduse


Fallait-il quit­ter la frégate ensa­blée à 60 km des côtes mauri­ta­nienne ? Les offi­ciers se sont-ils lais­sés aller à des actes barbares ? La folie s’était-elle empa­rée de l’équi­page à ce moment-là ? Autant de ques­tions dont la réso­lu­tion sera lais­sée au jury, composé de membres du public.

Jean-Baptiste Savi­gny à la barre de Méduse. (photos Oscar Covil­lard)

À la barre, Jean-Baptiste Savi­gny, méde­cin à bord de La Méduse, pour qui la néces­sité fait loi. Revenu en France, l’of­fi­cier a écrit un témoi­gnage sur le naufrage. Portant costume et sandales méduses en plas­tique, le méde­cin exhibe une droi­ture sans faille. À moins que ? Un autre survi­vant surgit du public pour l’ac­cu­ser de mensonge. On comprend qu’une hiérar­chie s’était recréée sur l’em­bar­ca­tion avec une bataille pour les vivres et l’es­pace vital. Le corps social assoiffé et affamé à la dérive.

Canni­ba­lisme, nudité et sécré­tions

À ce premier tableau, poli­tique et absurde, s’en­suit un autre. On remonte le temps, plongé dans l’un de ces 13 jours d’er­rance au large de l’Afrique. On bascule dans un théâtre du grotesque, d’in­dé­cence et du trash. La nudité crue des corps et des âmes frappe par son aspect spec­ta­cu­laire. Les sécré­tions, le canni­ba­lisme et le meurtre se mêlent dans un joyeux monde sans règle. Ce qui n’est pas aux goûts de tous les spec­ta­teurs. Pour­tant, c’est moins une exhi­bi­tion morbide et gratuite qu’une profonde réflexion sur une commu­nauté à la dérive. À voir si vous ne crai­gnez pas les naufrages et le mal de mer.

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