Le Phénix, l’oiseau mythique, est connu pour renaître de ses cendres. Le Phénix, l’hôtel, n’a pas attendu d’être incinéré pour opérer une opération cosmétique. Il faut dire que les derniers travaux de rénovation dataient d’il y a trente ans. Adieu l’ambiance vintage, bonjour l’hôtel de « caractère ». Le plus intéressant, en ce qui nous concerne, est la création d’un bistrot au rez-de-chaussée, sur le modèle de l’hôtel Globe et Cécil, maison mère du propriétaire, Les Aubergistes Lyonnais (aussi détenteurs du Simplon à Perrache). La verrière donnant sur les quais de Saône apporte une luminosité et une visibilité peu coutumière du genre. L’hôtel est en général un lieu clos, à l’écart du monde extérieur. On vous conseille même de prendre des lunettes de soleil tant le nouveau carrelage brille, à la limite du miroir, dans un style que ne dédaignerait pas l’Émir du Qatar. L’ouverture joue aussi sur les tarifs ras le carrelage, eux aussi peu en usage dans le monde de l’hôtellerie de charme. Le menu culmine à 25 euros, midi et soir (vins au verre à 5 euros). Et c’est une excellente surprise.

La salle intérieur du Comptoir Phénix, le nouveau resto des quais de Saône à Lyon.
La salle du Comptoir Phénix vous attend.

Vous avez dit « chawanmushi » ?

Le chef Camille Barbier, qui est notamment passé chez Lassausaie, secondé par Eliott, ancien chef du Passage, prend le risque de suggestions déstabilisantes pour qui a l’habitude du ronron des cartes en milieu hôtelier. Ainsi, en entrée du jour (dans un menu darwinien en évolution permanente), on trouvait un imprononçable « chawanmushi », bouillon d’oignons brûlés d’inspiration japonaise, surmonté de filets de sardines posées sur un flan/omelette rappelant la consistance de certains tofus. Quelques œufs de truite minent le fond, façon port de Sébastopol. Le plat végétarien est composé de salsifis frits, de purée de topinambour, noisettes, émulsion au café et citron confit. Évidemment, il y a plus classique, comme notre excellente poitrine de biche confite à la purée de coings, marrons et champignons délivrant de vrais accents de gibier. Classique aussi, la terrine de lapin en gelée, mais pas son accompagnement, un heureux chutney de pruneaux pimentés. On a bien décelé un petit défaut sur la pâte trop dense de la tarte aux figues, dont l’allure rappelle l’opéra de Sydney. Mais le mi-cuit au chocolat, très confortable, transpirait le bon cacao. Il faut ajouter à cette aubaine, un service naturel sans les postures liées au contexte, joyeux et empathique. L’immeuble est Renaissance, le mot juste pour ce Phénix Hôtel.

Comptoir Phénix. 7 quai de Bondy, Lyon 5eme. 04 78 28 24 24. Fermé samedi et dimanche. Formule : 22 euros. Menu : 25 euros. Petit détail, l’hôtel propose également une mini-sandwicherie attenante et alléchante, qui donne sur la rue.