Des plats originaux, slurp et néobistrot dans une formule à 16 euros, on y retourne. Le Café du Rhône a changé de propriétaire en début d’été. C’était déjà bien (tendance japonaise), mais c’est encore mieux, comme disait Donald Trump lors de son troisième mandat (oups pardon, dystopie). En général, chaque fois qu’un restaurant change de main, le nouvel arrivant veut laisser sa trace dans l’histoire de l’humanité en refaisant intégralement la déco, même si la précédente sentait encore le neuf. Ici, c’est impossible : la première salle du Café du Rhône date de 1902, soit la Belle Époque (c’est net, il n’y avait pas encore eu deux guerres mondiales et 2020), et est inscrite au titre des monuments historiques. Voilà du vieux très joli avec des fresques en céramique représentant diverses vues de Lyon, du vitrail, du miroir, de la boiserie en authentique arbre mort, et même le poêle en fonte d’origine au centre de la salle, autour duquel on prenait volontiers notre café les jours de marché. Mais ça, c’était avant.

L’intérieur d’époque du Café du Rhône (1902).

Cuisine contemporaine healthy

L’intelligence des derniers arrivants est de ne pas avoir confit cet élément de patrimoine dans un simili bouchon à base d’andouillettes et de saucissons pendus, tout en aménageant chaleureusement l’arrière salle façon salon cosy cocooning. La main d’Ophélie Renard, qu’on avait déjà fortement appréciée chez Les Innocents et chez Milord Circus, déroule une cuisine contemporaine hors des réflexes conditionnés en vigueur. On sent un esprit libre dans une poire pochée accompagnée d’un sablé et de quenelles de crème de brie, thym et citron, suspectée de s’être enfuie du rayon dessert au vu de l’intitulé, mais tout à fait à l’aise dans les entrées du menu du jour. Si les fruits peuvent intervenir dans divers plats, ils ne jouent pas au contraste sucré salé souvent agaçant. Comme dans cette épaule de porc confite, sauce au curry vert, salade de pois cassés, et donc granny smith et mirabelle. Cela peut paraître compliqué intellectuellement parlant, mais au final tout est assez simple dans l’assiette. La nouvelle bonne adresse du 3e. François Mailhes

Café du Rhône, 23 quai Augagneur, Lyon 3e. Tlj de 9h à minuit, dim de 9h à 17h (lorsque le bar est ouvert). Formule deux plats 16 € le midi), 21 € le menu complet. 04 78 95 44 13. Facebook du Café du Rhône