On nous avait parlé de ce restaurant comme « probablement récent ». Marcelle et Daniel, des prénoms qui martèlent le concept « retour à la cuisine de mémé », incarnent gros comme un pot au feu un mouvement de rétropédalage vers la cuisine d’antan. En réalité, Marcelle et Daniel ont tenu ce restaurant pendant 35 ans. On ne l’avait jamais remarqué, trop préoccupé à fréquenter son voisin, Le Nain, lui aussi inscrit dans inscrit dans la cuisine patrimoniale à forte obédience lyonnaise.
Les repreneuses, Julie et et Léa, installées déjà depuis un petit moment, ont gardé l’ambiance du lieu, qui n’est pas à proprement parler une machine à voyager dans le temps, mais plutôt la perpétuation d’un temps immobile. Cette immanence se retrouve dans les tarifs, devenus rares à distance des zones artisanales. Le petit restaurant, ses petites tables quasiment au coude à coude, propose chaque midi à l’ardoise un plat du jour à 10 euros. La carte des vins, vraiment épurée, c’est à dire réduite à un rouge et un blanc, et du rosé pour rafraîchir l’été, culmine à 6 euros le pot et 1,50 euros le verre. Ce qui reste assez improbable en centre-ville. Le côte qui a accompagné notre déjeuner se défendait d’ailleurs plutôt bien. Il y a de bonnes surprises au cul du cubi. Ce jour de pluie là, c’était blanquette de veau. La recette était aussi épurée. S’il y avait bien des champignons de Paris et des carottes, on ne trouvait pas trace du manteau de sauce blanche crémée qui habille la recette classique. Cela dit, comme le résultat était très bon, on ne chipotera pas sur l’histoire de la blanquette de veau, d’autant qu’un jour on avait failli en venir aux mains avec un chef qui affirmait qu’ajouter un trait de citron en fin de cuisson était iconoclaste.

Resto ouvrier en forme de « Reboot » des mères lyonnaises

La cheffe, Julie, qui a travaillé aussi bien au Potager des Halles que dans la cantine d’une crèche, revendique un « reboot des mères lyonnaises ». On n’est pas tout à fait d’accord. On verrait plutôt un routier sans camion garé devant, ou un resto ouvrier sans usine. Il y a aussi régulièrement du couscous, du bortsch, des lasagnes aussi bien que du saucisson chaud. Il faut plutôt voir ce manifeste comme un clin d’oeil à la générosité et à la simplicité d’une cuisine familiale bien faite, et dans la bonne humeur. Notre salade lyonnaise (9,50 euros) aurait mérité de la frisée et de plus gros lardons, mais là encore, c’est bon. Comme le gratin d’andouillette au saint-marcellin dans lequel on trempe des frites croustillantes. Ce bon refuge contre l’inflation, sans chichis et traits de balsamique, est un ami du genre humain.

Chez Marcelle et Daniel. 77 rue Montesquieu, Lyon 7e. 04 78 72 41 53. Ouvert à déjeuner de lundi à vendredi. Plat du jour : 10 euros. Andouillette moutarde : 13 euros. Steak tartare : 13 euros. Omelette aux écrevisses : 11 euros. Dessert du jour : 4 euros. Pot : 6 euros. Détail important: service jusqu’à 15h30.