Certes, on commence à connaître l’humour absurde de Quentin Dupieux (cf notre autre critique pour un avis différent), mais il retrouve une certaine verve et surtout enfin un peu de simplicité avec ce condensé de son art en 1h14. Benoît Magimel est hilarant en gros beauf manipulant son sexe à distance (on vous laisse découvrir comment), et Anaïs Demoustier, méconnaissable, sort enfin du cinéma germanopratin pour camper une « chaudasse » spontanée et irrésistible qui prend soin des autres dans son salon de beauté, et plus si affinités… Des affinités avec le cinéma de Quentin Dupieux, Alain Chabat et Léa Drucker en ont, tous les deux parfaits pour réagir à l’imprévisible : un « conduit temporel » qui mène à la cave de la maison qu’il vienne d’emménager avec le pouvoir de rajeunir, à condition de beaucoup de sacrifices… L’usage en est machiavélique et va finir par les rendre dingues.

Léa Drucker et Alain Chabat au début du film.

Pour une fois, Quentin Dupieux ne théorise pas trop mais se contente d’une fable philosophique sur le temps qui passe, le bonheur démesuré « d’avoir de l’avoir plein nos armoires« , et la dépendance qui s’en suit. Il bénéficie d’un quatuor de comédiens jubilatoire, avec en bonus final une Léa Drucker plus vraie que nature (Roxane Arnal). C’est garanti drôle et sens prise de tête, avec en bonus du Jean-Sébastien Bach sur Bontempi pour ajouter du vintage à l’étrange, et de jolies escapades formelles comme les deux séquences sans dialogue qui racontent des mois durant à la façon du cinéma muet. Son meilleur film avec Au Poste !.

Incroyable mais vrai de Quentin Dupieux (Fr-Bel, 1h14) avec Anaïs Demoustier, Léa Drucker, Benoît Magimel, Alain Chabat, Roxane Arnal… Sortie le 15 juin.

Anaïs Demoustier, la main au panier. ((Arte France Cinéma Versus Production)