Voilà un film qui emporte tout sur son passage. Alors qu’on pouvait craindre un instant pendant la projec­tion qu’il ne s’épar­pille entre ses person­nages, il se ramasse en un mélo puis­sant au finale, aussi roma­nesque quand il s’agit d’abor­der les rela­tions humaines qui se tissent en amont et en aval de la mort d’un homme trop jeune, que docu­menté quand il s’agit de montrer le monde des soins. Pas de discours, pas de pose, pas la moindre récu­pé­ra­tion misé­ra­bi­liste pour évoquer le monde de l’hô­pi­tal…

Cécile de France radieuse et Deneuve éton­nante

On aura rare­ment vu filmer de façon aussi juste, depuis les morceaux de musique que joue le profes­seur Sara (dans son propre rôle) pour ses patients, jusqu’à l’in­ti­mité que peut tisser une soignante avec un malade (lumi­neuse Cécile de France). De son vivant montre aussi bien le milieu du théâtre et de l’en­sei­gne­ment à la vie débor­dant jusqu’à la suscep­ti­bi­lité, que le “secret” du soignant dans une scène de baiser volé sublime, comme un dernier adieu à la vie.

Cathe­rine Deneuve dans De son vivant d’Em­ma­nuelle Bercot.

De son vivant, un mélo docu­menté

Comme d’ha­bi­tude, Cathe­rine Deneuve prend tous les risques, comme celui de cette mère un rien hautaine, atti­fée de façon presque osten­ta­toire, paniquée à l’idée de perdre son fils. On n’en dira pas plus, mais De son vivant fait la nique à la mort en filmant ceux qui restent en héri­tage, et son titre peut se lire aussi bien pour dési­gner tout ce qui n’a pas pu se dire du vivant du malade, que comme un atta­che­ment viscé­ral à la vie.

César du meilleur acteur pour Benoît Magi­mel

En même temps qu’elle s’est docu­men­tée avec le dernier réalisme sur les mots et les trai­te­ments autour du cancer, Emma­nuelle Bercot ose en perma­nence le roma­nesque, et permet à chacun de ses person­nages d’exis­ter pour lui-même, autour d’un Benoît Magi­mel au-delà des mots (Emma­nuelle Bercot lui avait déjà offert une inten­sité drama­tique parti­cu­lière dans La Tête haute). Jusqu’à des séquences finales qui sont parmi les plus belles et les plus émou­vantes qu’on ait vues au cinéma depuis bien long­temps, le temps d’une chan­son. Boule­ver­sant.

De son vivant d’Em­ma­nuelle Bercot (Fr, 1h32) avec Benoît Magi­mel, Cathe­rine Deneuve, Cécile de France, Gabriel A, Sara (dans son propre rôle), Oscar Morgan… Dimanche 11 février à 21h10 en prime gratuit puis en replay sur France 2.