La méca­nique quan­tique permet­trait l’exis­tence d’uni­vers paral­lèles. Il n’est pas besoin d’avoir fait des études de physique fonda­men­tale pour consta­ter qu’en passant la porte du Bar de l’Étoile, on rentre direc­te­ment dans les années 60. Les plus anciens y trou­ve­ront un bain de jouvence, les plus jeunes un plai­sir exotique lié aux joies de l’ar­chéo­lo­gie. La salle en longueur expose un lot de magni­fiques statuettes, trophées de pétanque dignes du Louvre, semblant dater d’avant l’in­ven­tion du plas­tique. Il suffit d’ailleurs de traver­ser la cuisine pour accé­der à un jeu de boules arboré (enfin, quand les feuilles auront poussé).

Andouillette et terrasse

Les beaux jours permettent aussi de déjeu­ner en terrasse, mise en forme néces­saire avant de se consa­crer aux acti­vi­tés spor­tives. Pour l’heure, nous voilà assis à l’in­té­rieur devant une table de type formica. François quitte le bar et un faux aspect bougon pour appor­ter une carte compo­sée de vignettes amovibles fixées sur une planche. Une agilité néces­saire, les plats chan­geant au jour le jour. Quelques plats sont cepen­dant fixés avec des rivets, comme les andouillettes. L’an­douillette fait encore partie des grands conflits idéo­lo­giques de notre temps. Certains la préfèrent au porc, d’autres « à la lyon­naise » : à la fraise de veau, plus déli­cate et moins viri­liste.

Corinne, en cuisine, pour­rait travailler au quai d’Or­say, elle propose très diplo­ma­tique­ment les deux. En revanche, il n’y a pas de pois­son. Nous sommes plus près des berges de l’Yzeron que de la côte. Pas d’en­trées non plus : « j’ai essayé, mais ça n’a pas trop marché » explique Corinne. Il est vrai que chaque plat n’est pas loin de repré­sen­ter un repas complet. Notre foie d’agneau persillé menaçait de débor­der de l’as­siette, lais­sant heureu­se­ment une place à un bol de frites de compé­ti­tion. Elles ne sont pas dorées, mais le stade au dessus, proches du bronze.

Le Bar de l’Etoile, il a tout d’un bon bouchon

Par devoir profes­sion­nel (et par inté­rêt indi­vi­duel) on en a demandé le secret, faisant pâlir jusqu’en Belgique. Le vrai goût de patate, la texture parfaite, tiennent plus à la variété des pommes de terre qu’à la cuis­son. Ce sont des Mara­bel, four­nies par un produc­teur du marché d’Oul­lins. Le choix valeu­reux des produits se retrouve dans l’arai­gnée de porc, fondante, accom­pa­gnée de rata­touille confite. Il y a systé­ma­tique­ment de la salade verte : « c’est normal, avant j’étais fleu­riste » explique Corinne, qui a de l’hu­mour et fait ses glaces maison. On revien­dra pour comman­der des rognons au Madère ou un tablier de sapeur, du rôti de cochon aux anchois et tomates confi­tes… Jusqu’aux œufs à la neige, c’est vrai­ment très bon.

Le Bar de l’Etoile. 93 boule­vard Emile-Zola. Oullins-Pierre-Bénite. Ouvert à midi du lundi au samedi. Plats de 12 à 20 euros. Vin blanc du Gard Cave Saint Charles : 1, 60 euros (12 cl). Bouteille de côtes du rhône Belle­ruche de Chapou­tier : 24 euros.