Assu­ré­ment, les velléi­tés hégé­mo­niques de l’Iran ne passe­ront pas par le jeu de mots. Le Père 100 (sic) vaut heureu­se­ment beau­coup plus que son patro­nyme inspiré de l’uni­vers créa(tif) des salons de coif­fure. La cuisine iranienne invoque une vaste géogra­phie de fragrances, de textures et d’épices qu’on préfère imagi­ner avec l’écri­vain-voya­geur Pierre Loti dans ses décou­vertes de Chiraz, Persé­po­lis et Ispa­han, plutôt que parfumé du règne des mollahs.

Masto Khiar, traduc­tion : concombre au yaourt.

Mezze aux noms cryp­tiques

Bref, il y a tout une idée de l’Orient roman­tique dans la glace safra­née à l’eau de rose. Elle ne doit pas être une recette tradi­tion­nelle, mais a le goût du voyage et des beau­tés alan­guies. Vahid et Mojdeh proposent des mezze à parta­ger réca­pi­tu­lant en partie une liste d’en­trées aux noms agréa­ble­ment phoniques, mais cryp­tiques… Tels que « borani bademjoon » ou « koukou sibza­mini »… Elles sont dispo­sées dans de petits bols. Chaque coup de cuiller est marqué cette petite touche de vent de la Caspienne qui diffère des cuisines peu loin­taines comme la Turquie.

Cuisse de canard à la noix, sauce de grenade aigre doux.

Caviar d’au­ber­gine tiède, mezze alors !

Ainsi, le caviar d’au­ber­gine est servi tiède. Il prend des saveurs de traverse grâce à l’adjonc­tion de menthe séchée. La macé­doine à la mayon­naise pour­rait être une salade Russe, mais rappelle plutôt le Japon. Revoilà l’au­ber­gine en guest dans du yaourt, elle s’aven­ture plutôt vers des goûts fumés. Le lacté, en forme de fromage blanc battu, s’ac­corde aussi avec l’épi­nard. La boulette de viande, une habi­tuée du grand Orient, de l’Asie, d’une partie de la Médi­ter­ra­née et des dimanches en famille pieds-noirs est déli­cieuse. Mezze alors !

Du « dough » à la place du vin

La feuille de vigne farcie, humide, déli­cieuse, rappelle que c’est en Perse qu’est proba­ble­ment née la viti­cul­tu­re… Mais plus de vin iranien, c’est inter­dit en version Robo­cop de la loi Evin. On a donc bu du dough, une bois­son à base de yaourt, légè­re­ment salée, parfu­mée à la menthe, rappe­lant les lassis indiens. On aurait pu choi­sir une brochette de poulet ou de gigot d’agneau, mais on a préféré le canard dans une sauce aigre-douce aux noix.

Dessert : roulé à la vanille et à l’eau de rose et noix de coco.

Flan persan avant le thé à Lyon 7

On recon­naît peu le canard, tant il a cuit long­temps en ragoût, mais la sauce pour­rait s’ex­plo­rer au sonar, tant elle révèle de profon­deur. Avant de passer au thé, dont la touillette est un bâton de sucre cris­tal­lisé au safran, on vous suggère de tester le « flan persan » chapeauté de confi­ture de griottes. Sa texture densi­fiée par de la farine de riz ne pour­rait être résu­mée par un mot du diction­naire en 18 volumes. On n’est pas loin du mochi japo­nais, mais en plus souple, plus bizarre. Ajou­tons le riz aéré, les épices subtiles, les noix et la grenade. Très agréable voyage long cour­rier et bel accueil.

Le Père 100. 39 avenue Berthe­lot, Lyon 7e. 09 87 75 87 42. Fermé dimanche et lundi. Formule : 16, 90 € (midi). Menus : 19, 90 € (midi), 29 et 34 €. Mezze : 19 €, Souris d’agneau, riz à l’aneth et fèves : 26 €. Brochette de coque­let safra­née au citron : 19 €. Flan Persan : 6 €.

Merci d’avoir lu cet article ! Si vous avez un peu de temps, nous aime­­rions avoir votre avis pour nous amélio­­rer. Pour ce faire, vous pouvez répondre anony­­me­­ment à ce ques­­tion­­naire ou nous envoyer un email à redac­tion@exit­mag.fr. Merci beau­­coup !