Il est vrai que pendant longtemps on confusionnait par ici un peu toutes les cuisines asiatiques. Trois nems, des baguettes, une tasse de faux saké avec une fille nue au fond, et les Lyonnais avaient l’impression d’avoir descendu le Mékong avec un détour par le Mont Fuji…

Heureusement, la modernité a apporté un peu plus de précision. Ainsi, le tout nouveau Monsieur Kim pratique une pure cuisine coréenne… Avec cependant un peu d’humour sur la fin : au dessert il est proposé un tiramisu au soja torréfié. A propos de dessert, on saluera le premier contact extraterrestre avec une texture rarement rencontrée, sinon lors d’une gamelle la bouche ouverte au ski.

Monsieur Kim, la pure cuisine coréenne

Le bingsu évoque quelque chose entre la boule de neige et la glace râpée, plus proche du givre que du traditionnel granité de famille servi en trou normand. On a choisi la version poudre de soja, azuki (haricot rouge) et gâteau de riz. Il y avait aussi chez Monsieur Kim une version matcha (thé vert) ou mangue. C’est à peine sucré, aéré comme le château de la Reine des neiges, la version culinaire d’une descente dans la poudreuse.

En entrée, on avait choisi le poulet frit de Monsieur Kim avec une sauce soja et pickles de radis. Il aurait pu servir de figurant idéal dans le film policier jubilatoire Extreme Job (renommé également Korean fried chicken), où il en est beaucoup question avant la scène du bain de sang mafieux… On a été moins convaincu par son voisin d’entrée, le Jeon, qui selon Wikipedia est clairement un type de buchimgae faisant partie des banchan. On dirait plutôt « pancakes », mais un peu trop gras en l’espèce.

Hsinyu Lin et Namheon Kim forment à eux deux Monsieur Kim. (photos Pierre Ferrandis)

Namheon Kim et ses kombu, bingsu, azuki ou kimchi

En revanche, on a adoré le calme délicat d’une beaucoup plus maigre « soupe de temple coréen » à la pâte de soja fermentée, champignons, potiron, kombu (algue séchée) et tofu. A l’occasion de l’excellent bulgogi au porc (entre le barbecue et la plancha), on s’est demandé comment manger du riz avec des baguettes en métal. Chance, fortune cookie du moment, le couple voisin était Chinois. Il suffit de plonger la tête dans son bol au niveau de la table et de jouer au Bobcat. On a choisi la cuillère.

Le chef Namheon Kim (assisté de Kyunghawan Lim) et Hsinyu Lin au service (madame Kim dans le civil) se font fort de retrouver l’esprit de leurs grands-mères. Les nouilles et le kimchi (chou fermenté, un peu comme de la choucroute qui aurait épousé un champ de piment) sont réalisés sur place. Tout est élaboré à partir de bons produits bruts. De la cuisine maison élancée que l’on pourra bientôt emporter en bocal.

Monsieur Kim. 56 rue Tramassac, Lyon 5e. 04 87 37 20 73. Fermé dimanche soir, jeudi midi et mercredi. Plat du jour : (midi) : 15 €. Carte : compter entre 35 et 40 €. Thé vert au riz complet : 4 €.