Il faut d’abord faire un aveu. Nous en connais­sons plus en méca­nique quan­tique qu’en cuisine géor­gienne. Notre expé­rience en la matière date de ce déjeu­ner dans le seul, l’unique restau­rant géor­gien à Lyon. Le tout nouvel établis­se­ment de La Maison géor­gienne est tenu par deux sœurs. Nino et Nona, comme dans un conte pour enfants.

Les phka­lis, des grosses boulettes très colo­rées, à base de bette­rave ou d’épi­nard rappellent les boules du sapin qui clignote côté cuisine. Elles sont accom­pa­gnées de roulés d’au­ber­gine. Il y a de la noix et de la grenade, comme on retrouve dans la cuisine perse. L’ Iran n’est pas loin. La Turquie, la Russie, l’Ar­mé­nie non plus.

La cuisine géné­reuse des soeurs Nino et Nona

Ce n’est pas exac­te­ment l’ar­chi­pel du goulache, mais on est bien au bout des pattes de l’an­cien empire sovié­tique. L’ex­cel­lente salade « atchet­chili » rappelle un peu ce qu’on appelle ici la « salade russe », c’est à dire une sorte de macé­doine mayon­nai­sée. Mais l’At­chet­chili (à vos souhaits) est la version supé­rieure et à jantes larges du prin­cipe. Elle comporte du poulet, une heureuse intri­ca­tion entre le poivron et la navet, rare­ment vus ensemble, et pour­tant d’une parfaite amica­lité soute­nue par de l’oi­gnon et de l’aneth.

C’est peut-être le moment de préve­nir que cette cuisine géné­reuse de La Maison géor­gienne, répu­tée histo­rique­ment comme la meilleure du coin (c’est à dire une zone de la taille de l’Eu­rope de l’Ouest, on exagère à peine) n’est pas faite pour les oisillons. C’est copieux. Si comme nous, vous avez décidé de faire un petit détour avant le plat prin­ci­pal par les pour­lé­chants khin­ka­lis, dont les kala­kou­ris et les mtiu­lou­ris, des ravio­lis au bœuf, vous devrez prévoir un second souffle pour les desserts.

La Maison géor­gienne, produits locaux et vins de là-bas

Ce qui ressemble à des baos chinois se mange tradi­tion­nel­le­ment avec les doigts ce qui libère des conven­tions, mais risque éven­tuel­le­ment de proje­ter du bouillon sur votre panta­lon (ou jupe pour les filles et les Écos­sais). Excellent. On avait bien compris que les emblé­ma­tiques katcha­pu­ris, des chaus­sons ouverts farcis de fromage (dont une inci­tante version à l’épi­nard et à l’es­tra­gon) sont à program­mer pour un futur repas. Les choux farcis du jour (bœuf sauce tomate) étaient parfaits.

Il restait juste une place dans le contai­ner pour une génoise multi­couches au miel et à la noix densi­fiée par du lait concen­tré cara­mé­lisé. Les produits sont essen­tiel­le­ment issus de produc­teurs locaux, sauf les vins géor­giens, remarquables, dont le khikhvi ambré rappe­lant certaines saveurs de blancs cata­lans. L’ac­cueil parti­cu­liè­re­ment empa­thique de Nino incite d’au­tant plus à réité­rer le voyage.

La Maison géor­gienne. 13 rue Cuvier, Lyon 6e. 06 05 58 67 38. Fermé dimanche soir et lundi. Entrées : entre 7,50 et 10 €. Plats : entre 11 et 14,50 €. Desserts : 6 et 7 €. Bouteille de khivi : 30 €.