Une amie nous a tenu par la main, et quasiment en laisse, pour visiter un restaurant soi-disant sous emprise de musique électro. Ce n’est pas qu’on déteste dîner en musique, mais tout est une question de volume… et de genre (par exemple le dîner à violon tzigane est une impossibilité physique). En réalité, ce soir là, il nous semble plutôt avoir entendu Franck Sinatra et de gentils susurrements. Par ailleurs la clientèle, bourgeoisement installée sur des sièges dont le poids élevé est proportionnel au confort, au top, ne ressemblait pas au public des Nuits sonores. Disons que plusieurs convives étaient dans la cible proches des réformes de la retraite (nuançons, on évoque les régimes spéciaux pas la retraite politique illustrée par le doyen des sénateurs qui fête ses 85 ans le mois prochain).

Cette ambiance tombait bien, bien car cette rubrique n’est pas une rubrique musicale. Quant à l’enseigne Palm, elle n’a rien à voir avec le pool house d’un club de plongée. Il y a en effet des palmes, mais végétales, dans une très jolie déco. Le principe des plats à partager nous convient : on adore partir à la pêche dans les plats des voisins. Le porc effiloché, au bourbon et maïs doux, présentée sur galette en esprit tacos nous a tout de suite mis en situation favorable pour le reste de la carte.

Eric Bergeroux, un cuisinier passé par chez Bocuse

Il n’ y a pas en cuisine un opportuniste de la street food exotique, mais un vrai chef. On apprendra au dessert que le cuisinier Eric Bergeroux est notamment passé chez Bocuse. Le thon cru servi sur une sauce de tomates séchées avait cette texture magique qu’on attend d’un poisson à chair ferme. On a failli en recommander, s’il n’ y avait pas en lice un ceviche de dorade vraiment bien travaillé (en petites portions sur tacos) dont on n’a pas pris soin de noter les subtilités, sinon la présence de concombre et de mélisse citronnelle.

Pour une fois l’« œuf mimosa  à la truffe » comportait de généreuses lamelles de tuber melanosporum. Dommage qu’on y ait introduit de l’arôme de truffes blanches en sus. Ce n’était pas nécessaire. D’autant que l’alliance terre et gaz présente un intérêt limité. En revanche les lamelles de carottes rouges et les graines de sésame étaient une bonne idée. Et cette histoire de musique ? En réalité, le fils Marceau, propriétaire, ex musicien et aussi en cuisine était absent. On reviendra donc pour la troisième phase de « boire, manger, écouter » et profiter de la collection de vinyles à disposition. Sachant que les deux premières phases sont établies sur des assises aussi solides que les chaises.

Palm. 38 rue du Bœuf, Lyon 5e. Ouvert du mardi au samedi le soir et vendredi et samedi à midi. Plats à partager de 10 à 21 euros. Desserts (très régressifs) : Et si vous avez très faim (et un gros budget) : Tomahawk de Black angus : 115 euros. Photo : Susie Waroude.