« Il faut toujours une raison pour aimer ? » Voilà la question qui tue que pose Bardot l’enfant sage du haut du balcon de chez Marc Allégret au Roger Vadim qui s’apprête à la faire tourner sa scène de danse mythique dans Et Dieu créa la femme… Visiblement, Danièle (et Christopher) Thompson ne se sont pas posés plus de question pour savoir ce qu’il aimaient chez Bardot avant de se lancer dans cette série aux six épisodes, qui pourrait bien finir dans les oubliettes de la Madrague…

Coup de foudre, mariage, liaisons et remariage, on suit BB d’un homme à l’autre, dans des scènes d’amour franchement stéréotypées, qui sentet plus la blanchisserie et la reconstitution proprette (même quand elle défait les boutons de la chemise de Trintignant), que l’abandon sulfureux…

Bardot à la plage debout sur un banc avec ses 3 hommes chemise et maillot marin.
Le mythe Bardot sur la plage abandonnée…

Le mythe Bardot raconté pour papa et maman

C’est tout le problème de ce mythe Bardot raconté ici avant tout pour papa et maman. Maman Thompson et son fiston en font avant tout un produite de son époque, mais de l’époque, ils ne filment que les clichés : lunettes noires et rouge à lèvres pour elle, cheveux gominés et complet-veston tiré à quatre épingles pour lui (enfin eux), voitures à l’ancienne aussi rutilante que les intérieurs bourgeois et le soleil qui se reflète dans la mer : à part les petites fesses mignonnettes de Victor Belmondo aperçues dans un lit qui sera bien le seul à être débraillé, on ne risque pas d’être choqué par le mythe et la provocation.

Trintignant et Bardot baiser dans la nuit.
BB et « Jean-Lou » Trintignant (Julia de Nunez et Noham Edje).

Académisme people

A force d’académisme people et de ne jamais vouloir approfondir ce personnage de blonde finalement très dépendant de ses parents vieille France (Géraldine Pailhas et Hippolyte Girardot, sans doute le véritable point de vue du film), on suit une succession de liaisons plus nunuches et capricieuses les unes que les autres, avec le même intérêt qu’on tournerait les pages d’un Nous deux des années 60 dont on ignorerait tout des protagonistes…

Les comédiens eux aussi semblent condamnés au roman-photo de la mise en scène, et Julia de Nunez au stade de la moue boudeuse et du déhanchement. ça suffit peut-être pour tenir un épisode, mais jusqu’à six, ça devient vite superficiel à force d’être léger…

Vadim Victor Belmondo assiste au mariage de Bardot sur un tournage.
Vadim (Victor Belmondo, à droite), témoin du mariage de sa mariée…

Même Gainsbourg est aux abonnés absents, pourtant, son Je t’aime… moi non plus et sa liaison secrète avec BB aurait été un bel angle d’attaque pour approcher « la vérité » de cette femme libre au point de se refuser autant qu’elle se donne… Dommage, cette nostalgie ripolinée convaincra que ceux qui ont des heures à tuer devant leur poste de télévision…

Bardot série en six épisodes de 45mn de Danièle et Christopher Thompson, avec Julia de Nunez (Bardot), Victor Belmondo (Vadim), Noham Edje (Trintignant), Oscar Lesage (Charrier), Géraldine Pailhas (la mère), Hippolyte Girardot (le père), Yvan Attal (le producteur Raoul Lévy), Anne Le Ny, Laurent Stocker… Tous les lundis à 21h10 et en replay, gratuit sur France 2.

Portrait Bardot et son homme en noir intérieur.