Avec ce thriller efficace sur fond de catastrophe environnementale, Emin Alper peint le portrait d’une ville (et d’un pays) rongée par la corruption, le népotisme et l’homophobie.

Emre, jeune procureur déterminé et propre sur lui, vient d’être nommé dans une petite ville du fin fond de l’Anatolie. A son arrivé il se heurte à plusieurs problèmes. D’un coté la ville est dévastée par la sécheresse et des dolines (érosions de la terre) menacent d’engloutir les habitations. De l’autre les locaux l’accueillent avec mépris et sont bien décidés à défendre leurs privilèges et traditions archaïques (comme une parade sanglante suivant la chasse au sanglier). Le vrai désastre survient après une soirée en compagnie des notables où le raki (alcool national) coule à flot. Se réveillant sans aucuns souvenirs, Emre semble avoir été empoisonné et se retrouve impliqué dans le viol d’une jeune gitane. La spirale infernale ne fait que commencer pour le jeune procureur qui va devoir fouiller les méandres de sa mémoire pour comprendre comment tout a basculé.

Une tension homoérotique inattendue

En pleine campagne électorale et face à un système municipal corrompu jusqu’à la moelle, Emre trouve un soutien en Murat, un énigmatique journaliste de l’opposition. Les échanges entre les deux hommes sont chargés en regards ambigus et le film diffuse progressivement un parfum d’homo-érotisme inattendu, s’attardant souvent sur le corps et les yeux clairs de son personnage principal. Emin Alper laisse planer le doute et joue avec les sensations spectateur, notamment dans des scènes de flashbacks hypnotisantes qui donnent l’impression d’être bloqué en plein cauchemar. 

Burning Days d’Emin Alper (Tur-Fr, 2h08) avec Selahatti̇n Paşali, Eli̇n Koç… Sortie le 26 avril.